Récifs artificiels: étude de grande ampleur à Toulon pour mesurer leur impact réel

Le long du quai océanographique de l’Institut français de recherche pour l’exploitation de la mer (Ifremer), il suffit de se pencher pour voir des herbiers artificiels, de la posidonie imitée en polypropylène, et en dessous, des blocs de béton, réalisés en impression 3D, faisant office de rochers pour abriter les poissons juvéniles.

Depuis qu’ils ont été posés en juin, les chercheurs ont observé 944 individus issus de 28 espèces dont six patrimoniales comme le sar, le labre, le loup, la daurade, détaille Marc Bouchoucha, ingénieur écologue à l’Ifremer.

Mais comment cette nouvelle abondance et cette biodiversité vont se répercuter sur les stocks de poissons ? Combien de récifs artificiels sont-ils nécessaires pour réhabiliter des zones 100% artificialisées et dégradées comme l’est le port de Toulon, contaminé au plomb, au mercure, au cuivre?

Pour le mesurer, les chercheurs ont créé un jumeau numérique de la rade, posé des outils de mesure en continu de la taille des poissons et vont déployer des stations vidéo rotatives à l’extérieur du port.

Car si les poissons juvéniles sont naturellement ramenés vers les côtes par les courants, que deviennent-t-ils une fois adultes? L’homme doit-il leur déployer un corridor marin?, se demande par exemple Marc Bouchoucha.

Depuis 1960, beaucoup d’initiatives se sont multipliées, surtout en Méditerranée, avec parfois des hérésies, comme les pneus immergés dans les années 1980. Depuis, des procédés perfectionnés ont été développés comme ceux de la start-up montpelliéraine Seaboost, partenaire de l’étude menée à Toulon. Mais en 2012, un rapport de l’État déplorait le manque de retour d’expérience suffisant pour « tirer des enseignements définitifs ».

« Aujourd’hui, on est solide pour dire que quand on équipe un ouvrage, on favorise le retour de la vie », confirme Julien Dalle, directeur de projets chez Seaboost, qui a par exemple équipé le port de Marseille ou le Cap d’Agde. Il espère que l’étude, portée par l’Ifremer, Seaboost mais aussi la métropole de Toulon et la CCI du Var, gestionnaire du port, « permettra de mieux cerner les répercussions de telles installations et leur calibrage ».

L’étude, d’une durée de quatre ans, est inédite par l’ampleur des récifs expérimentaux posés (3 stations de 50 m2 chacune) et la fréquence de suivi.Il faudra attendre deux ans pour affiner les observations et émettre des recommandations sur la conduite de tels projets.

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