Alors que le transport maritime mondial est responsable de 2 à 3% des émissions totales de gaz à effet de serre dans le monde — soit plus que les émissions de n’importe quel pays de l’UE–, il s’agit du seul secteur qui n’est soumis à aucun engagement spécifique européen en matière de réduction d’émissions de CO2.
Les eurodéputés ont approuvé à une très large majorité une proposition de la Commission –l’exécutif européen– visant à intégrer le transport maritime au marché du carbone de l’UE, ou système d’échanges de quotas d’émissions (SEQE ou ETS selon son acronyme anglais).
Plus grand marché du carbone au monde, ce dernier régit les émissions des industries lourdes européennes et des centrales électriques.
Le Parlement européen a cependant jugé que les politiques de réduction des émissions fondées sur le marché « ne suffisaient pas », et a décidé d’aller plus loin que la Commission, exigeant que les compagnies maritimes réduisent d’au moins 40% d’ici 2030 leurs émissions annuelles moyennes de CO2 par unité de transport.
En 2017, 13% des émissions totales de gaz à effet de serre issues des transports dans l’UE provenaient du secteur maritime, a rappelé le Parlement dans un communiqué.
Le texte sera désormais négocié avec les 27 Etats membres en vue d’élaborer la forme finale de la législation.
« C’est un grand pas vers le combat climatique dans le transport maritime. L’objectif d’une réduction de 40% de ses émissions d’ici 2030 représente une réduction globale de 1,5% du total des émissions européennes pour le même volume de fret », expliquait dès mardi l’eurodéputée Jutta Paulus (Verts), rapporteuse du texte.
« Nous demandons (…) d’appliquer le principe pollueur-payeur, le secteur maritime doit faire sa part », insistait-elle dans un communiqué.
Un vaste « plan d’action climat » détaillé préparé par la Commission, non encore rendu public mais dont l’AFP a pris connaissance, propose d' »inclure au moins le transport maritime intra-européen dans le système d’échanges de quotas d’émissions ».
Par ailleurs, les eurodéputés ont appelé mercredi à établir un « Fonds pour les océans » pour la période 2022-2030, financé par les recettes tirées de la mise aux enchères des quotas dans le cadre du marché carbone, afin « d’optimiser l’efficacité énergétique des navires et soutenir l’investissement dans les technologies et infrastructures innovantes » tout en contribuant à la protection des écosystèmes marins.