Depuis que le Royaume-Uni a officiellement quitté l’UE le 31 janvier, les négociations entre Londres et Bruxelles pour conclure un accord de libre-échange, qui entrerait en vigueur à la fin de la période de transition s’achevant à la fin de l’année, patinent.
« L’état d’esprit semble avoir changé et il y a un engagement plus intense », a déclaré le chef du gouvernement irlandais, qui a accueilli jeudi à Dublin le président du Conseil européen Charles Michel.
« Mais l’état d’esprit est une chose, il doit y avoir de la substance », a poursuivi Micheal Martin, « nous avons besoin d’issues concrètes de ces négociations, et les positions doivent changer ». Selon lui, l’UE a donné de « bons signaux », « ils doivent être réciproques ».
Les négociateurs européens sont jusqu’à vendredi à Londres, où leur chef Michel Barnier doit rencontrer son homologue britannique David Frost. Les discussions doivent se poursuivre la semaine prochaine à Bruxelles.
« Les jours qui viennent sont cruciaux, c’est un moment de vérité et il n’y a plus qu’une semaine avant le Conseil européen » du 15 octobre, qui selon le Premier ministre britannique Boris Johnson représente la date butoir pour trouver un accord.
La conclusion d’un accord « nécessite des avancées significatives de la part de nos amis britanniques » et pas seulement sur les pommes de discorde – les conditions de concurrence équitable et la pêche – a déclaré Charles Michel, qui s’est entretenu mercredi par téléphone avec Boris Johnson.
Selon lui, il revient aux Britanniques de « restaurer la confiance » après que les Européens ont été très sérieusement échaudés par la volonté de Londres de s’arroger la possibilité d’outrepasser certaines dispositions de l’accord de Brexit conclu il y a un an.
Côté européen, Michel Barnier a demandé aux États membres de trouver un compromis entre eux sur la pêche. Il a lancé cette invitation lors d’une réunion mercredi à Bruxelles avec les ambassadeurs des États membres.
– « Besoin d’une victoire » –
« Si nous voulons un accord, nous devons trouver un accord sur la pêche. Nous avons besoin d’un compromis que nous ferons parvenir au Royaume-Uni dans le cadre d’un accord global », a affirmé le Français, selon des propos rapportés par une source diplomatique.
La question est particulièrement sensible pour une poignée d’Etats membres comme la France, les Pays-Bas, la Belgique, l’Irlande et le Danemark.
La France a averti qu’elle ne sacrifierait pas ses intérêts. « Nos pêcheurs ne seront pas la variable d’ajustement du Brexit, ils n’ont pas à faire les frais des choix des Britanniques », a déclaré le secrétaire d’Etat français aux Affaires européennes, Clément Beaune, lors d’une visite à La Haye.
Les Européens espéraient initialement maintenir en l’état l’accès de leurs pêcheurs aux eaux britanniques, très poissonneuses, mais le Royaume-Uni veut limiter cet accès et propose que les droits de pêche dans ses eaux soient renégociés chaque année, une demande que l’UE refusera.
M. Barnier s’est entretenu en début de semaine avec des ministres de la Pêche des pays les plus concernés pour évaluer les « marges de négociation ».
Les Britanniques « ont besoin d’une victoire et elle devra probablement porter sur la pêche », a souligné la source diplomatique.
« Il faut se préparer à une réduction des possibilités de pêche pour les Européens dans les eaux britanniques et les Britanniques devront renoncer à des droits dans les eaux européennes », a ajouté un autre diplomate.
Les sources interrogées expliquent qu’un compromis entre Européens pourrait nécessiter un équilibre délicat entre les États membres désireux de conserver un accès aux eaux profondes britanniques, et d’autres plus désireux de pêcher dans les eaux côtières, y compris les îles anglo-normandes.
Michel Barnier devait être auditionné à huis clos jeudi après-midi devant les députés français.