« L’amiral Ossama Rabie, président de l’Autorité du canal de Suez, a proclamé la reprise du trafic sur le canal », a annoncé en milieu d’après-midi la SCA dans un communiqué, tandis que les chaînes de télévision locale montraient des images du bateau en train d’avancer.
Lundi matin à l’aube, le navire de 400 mètres de long et de plus de 220.000 tonnes, battant pavillon panaméen, avait commencé à bouger, après la libération de sa poupe, immobilisée sur la rive ouest du canal, qui voit passer environ 10% du commerce maritime international.
Les manoeuvres se sont ensuite poursuivies à l’aide de plusieurs remorqueurs, jusqu’à ce que le navire se retrouve de nouveau brièvement coincé en travers du canal, selon des sites de visualisation du trafic maritime et des témoins sur place.
Peu après 15H15 (13H15 GMT), le navire s’est finalement retrouvé dans le sens de la circulation au milieu du canal, avec sa poupe et sa proue libérées.
« Nous l’avons dégagé! », s’est félicitée dans un communiqué la maison-mère de la société mandatée pour le sauvetage du bateau.
« Je suis ravi de vous annoncer que notre équipe d’experts, en étroite collaboration avec l’Autorité du canal, a remis à flot l’Ever Given à 15H05 », a déclaré Peter Berdowski, le PDG de Royal Boskalis Westminster, cité dans le communiqué, félicitant les équipes qui ont fait face à cette « pression (…) évidente et sans précédent ».
Selon Boskalis, 30.000 mètres cube de sable ont été dragués et 13 remorqueurs déployés. Le navire se dirige dans une zone hors du canal pour être inspecté, est-il précisé dans le texte.
– « Opération réussie » –
Le président égyptien Abdel Fattah al-Sissi n’avait pas attendu la fin du renflouement pour se féliciter en fin de matinée d’une opération « réussie »,le célèbre canal étant une importante source de revenus pour le pays.
« Aujourd’hui, les Egyptiens ont réussi à mettre fin à la crise du navire échoué dans le canal de Suez, malgré l’énorme complexité technique entourant ce processus », a tweeté M. Sissi.
La remise à flot du navire a été saluée par de nombreux coups de klaxons des bateaux alentours, alors que le navire commençait à remonter lentement vers le nord du canal, ont constaté des journalistes de l’AFP.
Le long de la route qui traverse le modeste village de Manchiyet al-Rougoula, des riverains ont observé ébahis l’immense porte-conteneurs, devenu partie intégrante de leur décor périurbain depuis une semaine, quitter la berge.
Un père et sa famille sont montés sur le toit de leur maison en briques rouges pour mieux voir le spectacle.
« Nous sommes contents de voir le bateau bouger grâce à Dieu », confie un habitant, sous couvert d’anonymat.
Selon la revue spécialisée britannique Lloyd’s List, le blocage du canal a créé un embouteillage de 425 navires qui attendaient de pouvoir franchir cette voie longue de quelque 190 km reliant la mer Rouge à la Méditerranée.
– Trois jours pour rattraper –
Il faudra « trois jours et demi environ » pour tout résorber, a prévenu, Ossama Rabie, président de la SCA, sur la chaîne locale Sadaa al-Balad, ajoutant que le trafic serait maintenu « 24 heures sur 24, immédiatement après le renflouement du navire ».
Les conditions météo extrêmes –vents violents et tempêtes de sable– avaient d’abord été blâmées, avant que le chef de la SCA n’évoque la possibilité d' »erreurs, humaine ou technique ».
Selon Ihab Talaat el-Bannane, ancien amiral égyptien, « l’accident s’est produit dans la partie du canal où le sol est rocheux et qui avait d’ailleurs été le plus difficile à creuser ».
L’assureur Allianz a estimé plus que chaque jour de blocage du canal pourrait coûter entre six et 10 milliards de dollars.
La valeur totale des biens bloqués ou devant emprunter une autre route diffère selon les estimations, oscillant entre trois et plus de 9 milliards de dollars.
Selon les autorités du canal, l’Egypte perdait entre 12 et 14 millions de dollars par jour de fermeture. Près de 19.000 navires ont emprunté le canal en 2020, selon la SCA.
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