Près d’un mètre de coque rouillée, émergeant de l’eau salée, était visible sur les écrans de la salle de presse installée sur l’île, selon une journaliste de l’AFP. Même s’il était difficile de voir à oeil nu et à distance une différence dans l’inclinaison du bateau.
Selon Marcello Luschi, un ingénieur de l’observatoire de l’environnement, « la phase critique de détachement des rochers est passée », même si pour le moment le navire ne s’est redressé que de quelques degrés. A partir de maintenant, la rotation devrait s’accélérer, selon l’ingénieur, interrogé par la télévision Sky TG24.
« La durée de douze heures pour l’ensemble des opérations — démarrées à 7H00 GMT — reste valable », a expliqué Sergio Girotto, responsable du projet pour la société italienne Micoperi.
Dimanche, le groupe Costa, propriétaire du navire, et sa maison mère américaine Carnival, à qui revient le paiement de cette opération gigantesque (plus de 600 millions d’euros à ce jour) s’était montré optimiste.
« Tout a été fait pour que l’opération réussisse », a rappelé Franco Porcellacchia, chef du projet pour Carnival.
C’est la première fois qu’un tel exploit est tenté sur un bateau aussi grand – long de près de 290 mètres, haut comme un immeuble de plus de dix étages – et positionné de cette façon – le flanc droit couché sur des rochers.
L’ex-palace flottant a été vidé de toute présence jusqu’à ce qu’il soit sécurisé, avant la venue éventuelle des enquêteurs du parquet de Grosseto, toujours à la recherche des corps de deux disparus, une passagère italienne et un serveur indien, sur les 32 morts qu’a fait ce naufrage le 13 janvier 2012.
En outre, tout trafic maritime est interrompu aux abords de l’île.
« Aucune mer n’est aussi contrôlée que les eaux du Giglio », a déclaré sur Sky TG24 Giandomenico Ardizzone, chercheur en biologie de l’université romaine de La Sapienza.
Même son de cloche chez Marcello Mossa Verre, un responsable de l’agence régionale de contrôle de l’environnement (Arpat).
« Nous prenons des échantillons à 50 cm et 1 mètre de profondeur. Nous n’attendons pas des chiffres alarmants en termes de concentration toxique, mais plutôt des perturbations temporaires dans l’environnement marin », a-t-il dit.
La rotation est gérée à distance dans une « salle de contrôle » par 12 personnes, chacune devant son ordinateur avec un rôle distinct à jouer. La plateforme flottante où il se trouve est reliée par deux « cordons ombilicaux » (un principal et un de secours) au navire.
Même les « battements du coeur » de Nick Sloane, le spécialiste mondial en renflouements embauché par le consortium américano-italien Titan-Micoperi pour superviser les travaux, le « mythe vivant », vont être contrôlés, a plaisanté Franco Gabrielli, chef de la protection civile italienne.
Le Sud-Africain à la tête d’une équipe de 500 personnes de près de 30 nationalités travaillant 24h sur 24h a dit être « prêt », « tous les risques ayant été identifiés ». Le chef de l’opération a aussi remercié la population de l’île qui a été « compréhensive » ces derniers 18 mois.
Car les habitants attendent avec impatience ce fameux jour – maintes fois reporté – où le paquebot qui gâche la vue depuis le petit port, telle une verrue métallique géante, reprendra une position plus « normale » avant d’être renfloué puis remorqué au loin.
Le premier d’entre eux, le maire Sergio Ortelli, affirmait ainsi à la presse que « l’attente était grande, puisque lundi (allait) se concrétiser une année de travail intense ».
« Nous sommes convaincus que les choses se passeront bien », a ajouté l’édile avant de conclure tout de même: « croisons les doigts! ».
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