« Notre paradis peut rapidement se transformer en enfer », a confié le maire John Drollet au chef de l’Etat, en évoquant « des vagues de 12 mètres dans le pire des cas », sur un atoll de 600 habitants qui culmine à cinq mètres. Le réchauffement climatique augmente la fréquence et la puissance des cyclones.
« On parle de vos vies, de la vie de vos enfants, on parle d’aujourd’hui, pas de demain », lui a répondu le président de la République. Il a annoncé un programme de 50 millions d’euros financé à parts égales par la France et la Polynésie française, une collectivité d’outre-mer largement autonome.
Les Tuamotu sont déjà équipés de 27 abris, mais 8.000 habitants ne sont pas encore protégés et 17 abris doivent être construits d’ici 2027.
« Dans les motu (îlots), certains se sont cachés dans les congélateurs et un habitant accroché à une branche a été secoué dans le lagon pendant toute la nuit », a raconté Émilienne Natua Lancel, une retraitée de Manihi qui a vécu le cyclone Orama, en 1983.
« Des enfants étaient blessés, les tôles s’envolaient et ils tentaient de sauver ce qui restait de leurs maisons », a témoigné de son côté Marguerite Mahuru, à l’époque infirmière. Elle avait aidé une femme à accoucher sur son atoll ravagé par les vagues et le vent. La mère avait appelé son bébé Orama, comme le cyclone.
Venus de Ahe, un atoll voisin, Augustin Tama s’est souvenu lui du lendemain du cyclone : « L’eau nous était montée jusqu’au cou et tout était détruit, on avait tout perdu, on pensait juste à chercher à manger, et beaucoup ont voulu quitter l’atoll par peur d’un nouveau cyclone ».
Les atolls sont plus menacés que les îles hautes, car ils n’émergent que de quelques mètres au-dessus de l’océan et les constructions en dur y sont rares. Certains habitants, par le passé, ont pu survivre en s’attachant à un cocotier balayé par des vents violents.
Mais les anciens abris anti-cycloniques se sont rapidement dégradés. C’est pourquoi tous ceux qui sont désormais construits accueillent aussi un bâtiment utilisé au quotidien et entretenu : la mairie, ou une école, comme ce sera le cas à Manihi. Il s’agira du seul bâtiment à étages de l’atoll, et toute la population pourra y trouver refuge à l’approche d’un cyclone.
A Manihi, M. Macron a été baptisé d’un nom paumotu, la langue des Tuamotu : Taki Nui, celui qui emmène les autres, le guide.
Le chef de l’Etat devait ensuite retourner à Tahiti pour une rencontre avec des chefs d’entreprise. Il a prévu de repartir en métropole le 28 juillet.