Selon ce document de l’Office des Nations unies contre la drogue et le crime (ONUDC) et de l’institut de recherche Stable Seas, publié mardi, « l’Asie du Sud-Est et le golfe de Guinée ont connu presque le même nombre d’incidents en 2020, mais 623 des 631 marins (99%) touchés par des enlèvements dans le monde en 2020 travaillaient dans le golfe de Guinée ».
Les eaux de ce golfe que bordent une vingtaine de pays et qui s’étend du Sénégal à l’Angola sont riches en hydrocarbures et ressources halieutiques. Depuis peu, la mobilisation internationale s’accroît pour mieux lutter contre la piraterie.
« Bien qu’il y ait une diminution du nombre d’attaques de pirates jusqu’à présent en cette saison sèche, nous avons vu des attaques plus brutales où un plus grand nombre de marins ont été enlevés », relève la ministre norvégienne des Affaires étrangères, Anniken Huitfeldt, venue à New York sensibiliser les membres de l’ONU sur ce dossier.
Les chiffres réduits « peuvent être liés à la fois à l’attention accrue portée à la piraterie dans les Etats côtiers du golfe de Guinée, à la présence navale internationale » ou aux initiatives du Nigeria dans le domaine maritime et en vue d’adopter une « nouvelle législation pour enquêter, poursuivre et condamner les individus soupçonnés d’implication dans la piraterie », précise à l’AFP la ministre.
Selon le rapport de l’ONU, les groupes de pirates concentrés dans le delta du Niger qui donne sur le golfe de Guinée « gagnent peut-être 5 millions de dollars de revenus directs par an grâce au vol et à la prise d’otages ».
« La majorité de ces revenus — près de 4 millions de dollars par an — est volée et extorquée à des entités non africaines cherchant à libérer des otages non africains », « laissant certains conclure que les pays du golfe de Guinée ne sont pas les principales victimes », précise ce document intitulé « Pirates du golfe de Guinée: une analyse des coûts pour les Etats côtiers ».
– « Principales victimes » –
Mais « le coût total de la piraterie pour les Etats côtiers du golfe de Guinée (représente) au moins 1,925 milliard par an », indique le rapport, en évoquant des pertes directes et indirectes comme les investissements en sécurité qui pourraient aller à d’autres secteurs de dépenses.
« Après avoir examiné les dommages financiers indirects et les coûts d’opportunité, il devient clair que les pays du golfe de Guinée ont le plus à gagner de la réduction de la piraterie et des vols à main armée dans la région », estime-t-il.
Face au fléau, des pays comme le Danemark ont déployé des moyens navals pour protéger le fret commercial.
Pour Anniken Huitfeldt, dont le pays a financé le rapport, « toute contribution militaire doit être déployée en étroite coordination avec les pays de la région ».
Si son pays n’entend pas mobiliser de navire à ce stade, il pourrait pousser le Conseil de sécurité de l’ONU, dont la Norvège est actuellement membre non-permanent, à agir comme il l’a fait pour les eaux somaliennes.
« Comme grande nation maritime, la Norvège est en faveur d’une attention accrue du Conseil de sécurité » sur cette menace, dit-elle, en privilégiant l’action diplomatique.
Au large de la Somalie, les interventions militaires à partir de 2008 avec des avions de surveillance maritime et des navires, notamment américains et européens, ont permis au cours des quatre dernières années de ne recenser aucun incident lié à la piraterie.
L’autorisation du Conseil de sécurité de l’ONU pour ces opérations vient d’être renouvelée pour seulement trois mois, la Somalie jugeant qu’elle n’a plus de raison d’être. Les Occidentaux craignent de leur côté un vide sécuritaire si elle n’est pas prolongée.