Le bateau de transport de marchandises, une embarcation en bois de douze mètres de long, n’était pas autorisé à convoyer des passagers mais comptait pourtant 138 personnes à son bord, ont précisé jeudi les autorités maritimes.
Il était parti lundi de la petite localité d’Antseraka en direction de Soanierana-Ivongo, moins d’une centaine de km au sud. Il s’est échoué tout près de sa destination.
« Le bilan s’élève à 85 morts, avec 21 (nouveaux) corps repêchés », a affirmé à l’AFP le général de gendarmerie Zafisambatra Ravoavy.
Cinquante passagers ont pu être sauvés, principalement des gens qui se trouvaient sur le pont du bateau selon un responsable maritime.
Selon les premiers éléments de l’enquête, le moteur aurait eu un problème technique. « Le bateau s’est retrouvé à la merci des vagues et s’est échoué sur un récif », avant de prendre l’eau, avait précisé Adrien Ratsimbazafy, de l’Agence portuaire maritime et fluviale (APMF).
« Des effets personnels, des cartes d’identité et de l’argent ont été retrouvés par les secours », a indiqué Alban Menavolo, le jeune maire de Soanierana-Ivongo.
« La plupart des passagers étaient des saisonniers, originaires de la campagne », a-t-il précisé à l’AFP. « Ces Malgaches étaient partis récolter le clou de girofle, un peu plus au nord du port de départ et, en prenant le bateau, ils comptaient rejoindre leur famille avec l’argent gagné, pour les fêtes de fin d’année ».
– Deuil national –
La distance entre les deux localités se parcourt en plus de deux heures en bateau, contre au moins huit en taxi-brousse, selon plusieurs habitants. Certains préfèrent emprunter des bateaux clandestins en raison de routes largement impraticables, explique un villageois.
« Beaucoup de victimes sont originaires d’ici, j’en connaissais quelques-unes. Les gens sont éplorés », confiait le maire, lui-même exténué par le transport des corps, les enterrements, le chagrin dans sa commune.
Une vingtaine de corps n’ont pas encore pu être identifiés, a expliqué Jean-Edmond Randrianantenaina, directeur de l’APMF. Ils ont été enterrés dans un cimetière de fortune en attendant. Une photo des corps a été prise avant pour que les familles puissent les réclamer plus tard.
Le clou de girofle est l’un des principaux produits d’exportation de Madagascar avec la vanille. La récolte des boutons floraux du giroflier dure d’octobre à fin décembre. Une fois desséchés, ils sont utilisés en cuisine mais aussi pour leurs vertus thérapeutiques.
Une messe est prévue jeudi pour les défunts et les drapeaux sont en berne. Le président Andy Rajoelina a décrété une journée de deuil national pour marquer la tragédie de ce naufrage, qui s’est accompagné du crash d’un hélicoptère qui se rendait sur les lieux, faisant un mort et un disparu le même jour.
Lundi soir, cet hélicoptère, parti de la capitale Antananarivo, s’est écrasé en mer, avec à son bord le secrétaire d’Etat à la Gendarmerie, Serge Gellé.
Ejectés de l’appareil, M. Gellé – général de gendarmerie – et un gendarme ont survécu, en nageant près de douze heures pour rejoindre le rivage. Le corps du pilote a été retrouvé sur une plage jeudi après-midi, a-t-on appris auprès de la gendarmerie. Un quatrième passager, gendarme aussi, reste porté disparu.
« Mon tour de mourir n’est pas encore arrivé, merci à Dieu », avait déclaré le général Gellé, 57 ans, peu après avoir été sauvé par des pêcheurs.
Il a expliqué que des rafales de vent avaient fait chuter l’appareil. « Si je suis encore en vie (…) c’est parce qu’on volait à basse altitude, on n’est pas tombé de très haut car on volait bas en suivant la mer », a-t-il expliqué à l’AFP, précisant s’être servi d’un siège de l’appareil comme bouée de sauvetage.