Les politiques insulaires, membres de la majorité autonomiste en poste à la Collectivité de Corse mais aussi indépendantistes et autonomistes dans l’opposition, ont entonné des chants nationalistes et accroché deux banderoles au balcon du palais Lantivy. Ils ont appelé les militants nationalistes à les rejoindre à partir de 18H00 à la préfecture.
Cette occupation, décrite comme pacifique, dans les bureaux réservés à la Collectivité de Corse est destinée à protester contre des mesures prises ces derniers jours par le préfet de région, Pascal Lelarge, avant son départ. Elle s’inscrit dans un contexte de tensions croissantes entre la majorité nationaliste à la collectivité de Corse et le représentant de l’État dans l’île.
« Les locaux où se trouvent les élus appartiennent à la Collectivité de Corse », a constaté la préfecture auprès de l’AFP sans faire plus de commentaires.
Dans la matinée, Gilles Simeoni, président de la Collectivité de Corse, avait pris la parole devant l’Assemblée de Corse pour dénoncer « un moment grave pour la Corse et les Corses, sans doute un point de bascule. » Dans son viseur le lancement par le préfet de l’île d’un prélèvement de 9,2 millions d’euros pour solder le contentieux avec la compagnie maritime Corsica Ferries.
« Le fait-il en son nom ou au nom du gouvernement ? » s’est interrogé l’autonomiste en fustigeant « un étranglement budgétaire », avant de dresser le bilan des relations avec l’État au bout de sept années de mandature : « Nous n’avons avancé sur rien, ni dans le domaine politique, institutionnel, économique, judiciaire, social. »
L’élu faisait notamment référence au non-rapprochement des membres du commando Erignac, perçu comme « une infamie », mais aussi au retoquage du règlement intérieur de l’Assemblée de Corse où les mentions de « peuple corse » et l’usage de la langue corse ont été jugés contraires à la Constitution par les services de l’État.
« Qui peut accepter ça ? » s’est insurgé Gilles Simeoni alors que Paul-Félix Benedetti, représentant du principal courant indépendantiste, a évoqué « une guerre » avec l’État avant que la séance ne soit suspendu suite à l’action des élus.