Un an avant la crise pétrolière de 1973, Dennis Meadows, professeur américain du MIT, et toute une équipe de scientifiques, alertaient le monde dans un rapport commandé par le club de Rome, sur la surexploitation des ressources de la planète qu’entrainerait une croissance économique et démographique exponentielle.
« Ce qui a vraiment changé ma perception des choses, c’est la découverte de ce rapport, qui offre une vision globale de l’impact de l’activité humaine sur les écosystèmes, sur la consommation de ressources et qui conclut qu’on ne peut pas poursuivre une croissance illimitée dans un monde aux ressources finies », a déclaré lors d’une conférence de presse mercredi soir à Paris, Audrey Boehly, journaliste scientifique et autrice du podcast « Dernières limites », lancé à l’occasion du cinquantième anniversaire de ce rapport.
« Je me suis posé cette question : aujourd’hui, où est-ce qu’on en est par rapport à ces limites planétaires, est-ce qu’on les a dépassées et surtout, quelles sont les solutions à notre disposition aujourd’hui ? », a expliqué Mme Boehly, qui a mené une enquête en treize épisodes.
Le podcast, produit par Saga Sounds et disponible gratuitement sur les principales plateformes, interroge plusieurs limites planétaires comme la production agricole, la pêche, la biodiversité, l’énergie, les ressources minières.
Il débute par un prologue sous la forme d’un entretien avec Dennis Meadows, avant une douzaine d’épisodes mis en ligne semaine après semaine jusqu’à fin mai, où interviennent experts et scientifiques, parmi lesquels l’agronome Marc Dufumier, la paléoclimatologue et co-présidente du Giec (groupe d’experts climat de l’ONU) Valérie Masson-Delmotte, ou la sociologue et philosophe Dominique Méda.
« Il y a cinquante ans, je pensais naïvement que notre rapport motiverait les dirigeants à adopter une vision à plus long terme. De toute évidence, il a échoué sur ce point », explique sur un ton désabusé Dennis Meadows, dans une préface inédite du livre « Les limites à la croissance (dans un monde fini) », édité en France par les éditions Rue de l’échiquier, coécrit avec Donella Meadows et Jorgen Randers à partir du rapport.
Mais, se reprend-il, « ce rapport est néanmoins parvenu à convaincre plusieurs milliers de ses lecteurs partout dans le monde de revoir leurs opinions (…) afin de contribuer à l’élaboration d’une réponse sociale plus constructive aux problèmes de la croissance. Ils sont une ressource importante pour surmonter les difficultés qui nous attendent ».