Parmi elles, un ours russe qui trempe sa patte dans une ruche avant d’être dévoré par des abeilles, des soldats qui font glisser un obus sur un toboggan dans un jardin d’enfants, ou des instruments de torture à l’effigie de Poutine…
Signés Yuriy Zhuravel, Oleg Gutsol ou Oleksiy Kustovsky, alias Kusto, ces dessins, « bien évidemment impitoyables avec les Russes, témoignent d’un humour qui ne veut pas rendre les armes face à l’arbitraire et la terreur », explique Charlie Hebdo dans un communiqué.
Presque tous sont tirés d’une exposition organisée à Odessa par l’association des caricaturistes locale.
L’événement est intitulé « Navire de guerre russe, va te faire foutre », en référence à cette réplique, devenue culte en Ukraine, lancée au début du conflit par des gardes-frontières ukrainiens de l’île aux Serpents au croiseur Moskva qui leur intimait de se rendre.
Une quarantaine de dessinateurs — ukrainiens pour la plupart ou issus d’une vingtaine de pays dont la Russie — y ont participé via à un appel à dessins sur Facebook.
Les fonds récoltés par la vente d’originaux sont reversés « aux forces armées ukrainiennes et à la défense territoriale d’Odessa », précise Charlie Hebdo dans un article sur « l’humour » comme « arme de résistance massive ».
L’hebdomadaire va lui « rémunérer l’association des caricaturistes d’Odessa » pour les dessins retenus, a expliqué à l’AFP le journaliste Antonio Fischetti, de retour d’Ukraine.
Si l' »humour bienveillant » des Ukrainiens a tourné à la « satire méchante » depuis l’invasion russe en février, il a ses « limites ».
Antonio Fischetti rapporte ainsi avoir dû renoncer à son enquête sur le stand-up à Kiev en raison d’un dessin de Riss, publié dans Charlie Hebdo après le bombardement de la maternité de Marioupol en mars.
« On y voyait des femmes aux jambes écartées, qui se prennent des obus dans le vagin, avec la légende: +Cette fois, les Russes poussent le bouchon trop loin+. C’était évidemment pour dénoncer l’indifférence des Occidentaux. Mais cela a été perçu comme une agression par mes interlocuteurs », écrit le journaliste.
Dans le monde de la caricature, en revanche, « certains ont un peu grimacé », mais « ils ne m’ont pas envoyé balader », assure-t-il à l’AFP.