Ces 254 kg de civelles, interceptés lors de la saison de pêche de décembre 2021 à mars 2022, représentent une valeur de 60.000 à 80.000 euros sur le marché illicite en Europe.
Les civelles auraient pu être revendues « à hauteur d’un million d’euros en Chine pour être engraissées », précisent les douanes dans un communiqué, multipliant ainsi leur valeur par 12,5.
« Après engraissement, un kilo d’alevins donnant environ une tonne d’anguilles adultes, ces poissons auraient pu générer de 6 à 7 millions d’euros pour les filières clandestines notamment au Japon, leur principal pays de consommation », ajoutent-elles.
La saisie la plus importante a été réalisée dans la nuit du 19 février par les agents de la Direction nationale du renseignement et des enquêtes douanières (DNRED) de Paris et La Rochelle.
Cette nuit-là, ils ont découvert 52 caisses en polystyrène contenant plus de 200 kg de civelles lors du contrôle d’un utilitaire stationné sur une aire de l’autoroute A10.
Cette contrebande de l’anguille européenne dite « Anguilla Anguilla » est l’une des causes de la chute en 30 ans de 75% de sa population.
Elle est protégée depuis 2009 au titre de la CITES (Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d’extinction). Sa pêche, destinée pour partie à la consommation et pour partie au repeuplement des rivières, est très strictement règlementée, avec un système de licences et quotas.
En 2010, l’Union européenne a interdit toute exportation de civelles hors de ses frontières.
Le déclin mondial des populations d’anguilles et les moyens mis en place pour les sauver ont favorisé le braconnage et fait émerger un immense marché noir qui serait plus rentable que les trafics de drogue, d’humains et d’armes.
La valeur annuelle estimée du trafic illégal de civelles européennes vers l’Asie est estimée à trois milliards d’euros.
Les saisies ont été réduites ces deux dernières années – 347 kg en 2020 et 7kg en 2021 – en raison de la pandémie, bloquant le trafic aérien vers la Chine. En 2019, les douanes françaises avaient intercepté près de 1,8 tonne de civelles.