Après des tractations suivies de près par la communauté internationale, Russie et Ukraine ont signé vendredi dernier sous l’égide de l’ONU et de la Turquie un accord ouvrant la voie à des corridors maritimes sécurisés.
Optimiste, « le marché s’est rapproché de ses plus bas depuis cinq mois » dans la foulée, sans pour autant revenir sur les niveaux d’avant le conflit, relève Gautier Le Molgat, analyste au cabinet Agritel.
Des frappes russes sur le port d’Odessa, qui concentre 60% des exportations maritimes de blé, tournesol ou maïs ukrainien, ont fait rebondir les cours sur Euronext dès lundi, et c’est « la mise en oeuvre de l’accord qui va désormais dicter leur direction », prévoit Damien Vercambre, courtier au cabinet Inter-Courtage.
Juste avant l’invasion russe du 24 février, la tonne de blé pour livraison en septembre se vendait 279,50 euros: le cours a ensuite explosé, montant en mai jusqu’à plus de 438 euros, et se trouvait mercredi aux alentours de 341 euros à 14H00 GMT sur le marché européen.
Un premier bateau pourrait prendre la mer mercredi au départ de Tchornomorsk selon le courtier, faisant office de « test grandeur nature ».
En Europe ou aux Etats-Unis, « le marché sera nerveux jusqu’à ce qu’on soit certains que la marchandise sorte bien » d’Ukraine, souligne le courtier, à un rythme estimé de quatre millions de tonnes par mois par la principale association de producteurs et exportateurs d’Ukraine.
Des ambitions que nuance Gautier Le Molgat, qui doute de la capacité réelle de l’Ukraine à revenir « massivement » à l’export : « Il y a des bateaux potentiellement prêts à partir, mais est-ce que les autres vont revenir en mer Noire? », s’interroge-t-il.
En parallèle, une « demande de blé +tous azimuts+ » soutient le marché, qui a vu arriver de nouveaux acheteurs profitant du récent mouvement de baisse comme le Pakistan, indique Damien Vercambre.
– Chaleurs et moissons précoces –
Particulièrement précoces cette année, les moissons de blé tendre touchent à leur fin en Europe, avec de premières estimations légèrement meilleures que prévu en France par exemple quoique moindre par rapport à 2021, où la production est estimée à 33,44 millions de tonnes par Agritel.
La parité de l’euro face au dollar « joue aussi en faveur des exportations (européennes), les origines UE sont plus attractives, ce qui pousse les pays importateurs à se positionner dessus », souligne Gautier Le Molgat.
Le risque de sécheresse et la canicule, en Europe comme aux Etats-Unis, maintiennent un niveau de stress élevé sur les perspectives de récoltes.
Dans le sud des Etats-Unis, de fortes chaleurs ont engendré une dégradation de l’état des cultures plus conséquente qu’anticipé en blé, maïs et soja.
Le pourcentage de maïs classé « bon à excellent » a été rabaissé de 64 à 61% cette semaine, alors que le marché s’attendait à une dégradation d’1%, indique dans une note Bryant Sanderson du courtier CHS Hedging.
En blé, cette appréciation de qualité est tombée de 71% à 68%, et celle du soja de 61% à 59%.
Prévues pour durer encore la semaine prochaine, ces chaleurs conduisent les cultures à « mûrir plus vite, et les conditions très sèches peuvent amoindrir la qualité des plants », souligne l’analyste Jason Roose de US Commodities.
« Les coûts de l’énergie, le dollar fort et le climat vont désormais guider le marché américain », ajoute-t-il, avec « un besoin d’humidité au cours des trois prochaines semaines pour obtenir des rendements décents ».
Sur Euronext, vers 14H00 GMT mercredi, la tonne de maïs se vendait à 357,25 euros pour août et celle de colza à 651 euros pour la même échéance.
A la Bourse de Chicago, peu avant l’ouverture, le prix du blé de variété SRW pour livraison en septembre cotait 8,0925 dollars en hausse de 0,68% le boisseau et le maïs 6,0025 dollars pour le même mois en hausse de 0,54%. Le soja pour livraison en août s’affichait à 15,6200 dollars en progrès de 1,91%.
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