L’Union européenne a « retiré ses propres navires et installé un réseau de moyens aériens gérés par des sociétés privées » pour aider au refoulement des migrants et réfugiés vers les côtes libyennes, souligne l’ONG dans un rapport accablant.
Et depuis mai 2021, l’agence de l’Union européenne Frontex a « déployé un drone au départ de Malte », dont « les schémas de vol montrent le rôle crucial qu’il joue dans la détection des bateaux à proximité des côtes libyennes », ajoute l’ONG.
Frontex transmet « les informations du drone aux autorités côtières, dont la Libye », malgré « des preuves accablantes de torture et d’exploitation de migrants et de réfugiés en Libye », est-il souligné.
Selon la même source, « Frontex affirme que la surveillance est destinée à aider au sauvetage, mais les informations facilitent les interceptions et les retours en Libye ».
Le passage de « la surveillance maritime à la surveillance aérienne contribue au cycle des abus extrêmes en Libye », insiste HRW, en accusant Frontex de manquer de « transparence ».
Ces accusations de HRW contre Frontex viennent s’ajouter à un autre rapport encore confidentiel de l’Office européen de la lutte contre la fraude (Olaf), récemment consulté par Der Spiegel, le journal Le Monde et le site d’investigation Lighthouse Reports.
L’ancienne direction de Frontex avait connaissance des renvois illégaux de migrants en Grèce et aurait même co-financé des refoulements, selon ce rapport dont Der Spiegel a publié récemment des extraits.
Le chaos qui a suivi la chute du régime de Mouammar Kadhafi en 2011 a fait de la Libye une voie privilégiée pour des dizaines de milliers de migrants originaires d’Afrique subsaharienne, de pays arabes et d’Asie du sud, cherchant à rejoindre l’Europe par les côtes italiennes, distantes d’environ 300 km des côtes libyennes.
Plusieurs milliers d’entre eux se retrouvent bloqués dans le pays d’Afrique du Nord, souvent dans des conditions déplorables.
Ils sont la proie de trafiquants, quand ils ne meurent pas en tentant la périlleuse traversée de la Méditerranée, et la Libye est régulièrement épinglée par les ONG pour les mauvais traitements infligés aux migrants.