Les Philippins constituent des cibles « prisées » pour les réseaux d’escroquerie établis en Birmanie, au Laos et au Cambodge, a déclaré Eduardo de Vega, sous-secrétaire chargé des affaires en lien avec les travailleurs migrants au ministère philippin des Affaires étrangères.
Les démarches de rapatriement des ressortissants piégés par ces réseaux se poursuivent, a fait savoir M. de Vega. « Au moins 119 » d’entre eux ont été ramenés sur le sol philippin depuis l’an dernier, a-t-il détaillé.
C’est le cas de quatre hommes d’une trentaine d’années arrivés lundi à Manille après avoir été retenus en Birmanie pendant « moins de deux mois », a relaté M. de Vega à l’AFP.
Recrutés en ligne pour travailler en tant que « représentants du support client » en Thaïlande, ils ont finalement été conduits dans un « territoire rebelle » de la Birmanie voisine, « contraints à tromper des individus pour qu’ils investissent dans les cryptomonnaies », a détaillé le ministère philippin des Affaires étrangères dans un communiqué.
Des groupes rebelles et des milices ont élu domicile dans des régions frontalières accidentées de Birmanie et s’affrontent depuis des décennies autour du contrôle du territoire, de l’exploitation de ressources rentables comme le bois et le jade ou encore du trafic de drogue.
En général, les Philippins recrutés se font passer pour des femmes et nouent des relations « amoureuses » avec leurs cibles, généralement des Occidentaux, a décrit M. de Vega.
Ils perçoivent un salaire et une part des bénéfices, mais sont sujets à des « punitions corporelles » s’ils n’escroquent pas un nombre suffisant de personnes, a-t-il expliqué.
Entre 50 et 70 Philippins travailleraient encore pour des arnaqueurs chinois établis en Birmanie, selon M. de Vega, et 50 autres participeraient à des arnaques aux cryptomonnaies au Cambodge, et un nombre équivalent au Laos.
L’AFP a établi en 2022 que des personnes originaires du Vietnam, des Philippines, de Thaïlande, de Malaisie, de Chine, de Taïwan, de Hong Kong, du Bangladesh et d’Inde ont été piégées par des réseaux de ce type au Cambodge, victimes de la traite d’êtres humains et de violences de la part de ces organisations.