L’objectif pour les deux frégates sera d' »effectuer une surveillance, recueillir des renseignements et de maintenir une présence maritime », a-t-il précisé depuis Nassau, aux Bahamas, où se tient une réunion avec les chefs d’Etat et de gouvernement de la Communauté des Caraïbes (Caricom).
Lors d’une conférence de presse après la réunion, Justin Trudeau a affirmé que les navires « soutiendraient la police nationale haïtienne dans leurs actions pour contrer l’activité des gangs ».
Vendredi dernier, le Haut-Commissaire aux droits de l’Homme de l’ONU a demandé à la communauté internationale d’envisager « d’urgence le déploiement d’une force d’appui spécialisée » en Haïti, où la violence des gangs a atteint des niveaux « jamais vus depuis des décennies ».
Contrôlant plus de la moitié du territoire national haïtien, les gangs enlèvent quotidiennement des citoyens, exigeant des dizaines voire des centaines de milliers de dollars aux proches de leurs victimes, le plus souvent agressées sexuellement pendant leur captivité.
« Le Canada est très préoccupé par les troubles et l’instabilité qui règnent en Haïti », pays « confronté à la violence incessante des gangs, à l’agitation politique et à la corruption », a déclaré Justin Trudeau.
« Cette situation est très proche de nous, non seulement dans la région, mais aussi au Canada avec notre forte diaspora haïtienne », a-t-il ajouté après une rencontre avec le Premier ministre haïtien Ariel Henry.
– « Coût terrible » –
Lors de la conférence de presse après la réunion de la Caricom, le Premier ministre canadien a pointé du doigt, en anglais, la responsabilité « d’un petit nombre de familles puissantes de l’élite qui fomentent l’instabilité et financent la violence pour leurs propres gains, représentant un coût terrible pour le peuple haïtien ».
Il a affirmé qu’Ottawa travaillait avec ses alliés pour accroître les sanctions sur ce groupe, ajoutant que « tant que les élites haïtiennes ne rendent pas des comptes pour leur rôle dans cette horrible crise en Haïti, nous ne serons pas en position de la confronter ».
Le Canada a notamment imposé des sanctions sur l’ancien président d’Haïti Michel Martelly et deux anciens Premiers ministres, ainsi que sur le seul milliardaire du pays Gilbert Bigio.
Au total 17 personnes sont sous le régime de sanctions par Ottawa en Haïti, selon Justin Trudeau.
« On a des raisons de croire que ces gens se servent de leur statut d’élite notoire en Haïti pour protéger des groupes criminels armés et faciliter leur activité comme le trafic de drogue et autres actes de corruption », a affirmé, en français, Justin Trudeau.
Le Premier ministre canadien avait annoncé plus tôt l’octroi de 12,3 millions de dollars canadiens (8,36 millions d’euros) d’aide humanitaire au pays, ainsi que 10 autres millions à l’Organisation internationale pour les migrations (OIM) afin de venir en aide aux migrants dans la région.
Début février, le Canada avait déployé pendant quelques jours un avion militaire, doté de capacités de renseignement et de surveillance pour assister les autorités haïtiennes.