Océans: des chercheurs mettent un prix sur les services rendus par des forêts d’algues

Paris, 18 avr 2023 (AFP) – Célébrées par Charles Darwin mais menacées, les forêts sous-marines de kelp apportent de nombreux bénéfices aux écosystèmes. Des chercheurs, dans un article paru mardi, veulent attirer l’attention sur leur « importance » en mettant un prix sur les services rendus par ces algues géantes.

Une équipe internationale de scientifiques s’est penchée sur la contribution d’algues de la famille des laminariales à la pêche (en fournissant des nutriments aux poissons qui sont ensuite pêchés), au cycle de l’azote et à la capture du CO2.

Résultat: « au niveau mondial, ces forêts de kelp ont produit l’équivalent de 500 milliards de dollars par an », ont-ils calculé dans la revue Nature Communications. Cette estimation est plus de trois fois supérieure à une précédente.

Les auteurs soulignent que « cette évaluation n’a pas pour but de marchandiser les forêts de kelp » mais ils espèrent pouvoir ainsi « attirer l’attention sur leur importance ».

Ces précieuses forêts sous-marines sont de plus en plus menacées, notamment par le changement climatique qui réchauffe les océans.

« Tout ce que l’on pourra faire, face au défi climatique, aura un effet positif » sur ces algues, explique à l’AFP Aaron Eger, de l’université australienne de Nouvelle-Galles du Sud et de l’ONG Kelp Forest Alliance, co-auteur de l’article. Il appelle également à des « réglementations plus strictes » pour préserver les eaux des pollutions, provenant par exemple des eaux usées ou de l’agriculture.

Pour mettre un prix sur le service rendu par le kelp, les chercheurs ont quantifié la valeur des services générés chaque année: tonnes de poissons pêchés, quantités de CO2 ou d’azote absorbés.

Le principal bénéfice provient de la production halieutique, fondée sur le potentiel exploitable pour les espèces consommées par les humains.

« Dans l’étude, nous avons répertorié environ 1.500 espèces que l’on trouve dans les forêts de kelp. Et une portion d’entre elles ont une valeur économique », note Aaron Eger.

Les chercheurs ont calculé la biomasse par mètre carré générée chaque année, estimé quelle proportion pouvait en être extraite de manière durable et en ont calculé la valeur marchande. Le calcul a été ajusté de manière à tenir compte de la dépendance plus ou moins importante au kelp des différentes espèces (certains poissons ne pourraient pas vivre ailleurs mais d’autres ne font que passer).

Les scientifiques ont de la même manière quantifié les capacités de stockage de phosphore, azote et CO2 par les algues.

Pour ce dernier, les auteurs de l’étude ont retenu le « coût social » du carbone, une valeur plus élevée que celle des diverses tarifications du CO2 à travers le monde. « C’est une estimation du coût pour la société de chaque tonne additionnelle de carbone relâchée dans l’atmosphère », souligne Aaron Eger.

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