« Une nouvelle attaque de missiles russes a eu lieu contre notre pays (…) Ils ont touché Motor Sich et notre région de Khmelnytsky », a déclaré le président ukrainien Volodymyr Zelensky dans son adresse quotidienne.
L’Etat ukrainien avait pris le contrôle du fabricant de moteurs pour avions et hélicoptères en novembre 2022, au côté d’autres entreprises « d’importance stratégique », afin d’aider à l’effort de guerre.
Le siège du groupe se trouve à Zaporijjia (sud), région partiellement occupée par les forces russes.
Il n’était pas possible de savoir dans l’immédiat si les frappes russes avaient touché le siège de Motor Sich, mais le gouverneur de cette région, Iouri Malachko, avait indiqué plus tôt que l’attaque russe avait ciblé une zone en périphérie de la ville et avait provoqué un incendie.
La région de Khmelnytsky, dans l’ouest de l’Ukraine, à des centaines de kilomètres du front, est elle régulièrement visée par des frappes russes et abrite notamment un important aérodrome militaire ukrainien.
– Pétrolier russe touché en mer Noire –
L’attaque russe survient après une offensive ukrainienne dans la nuit de vendredi à samedi contre un pétrolier russe dans le détroit de Kertch.
Cela a interrompu brièvement le trafic sur le pont stratégique reliant la Crimée à la Russie, dans un contexte de tensions croissantes en mer Noire.
Moscou a également affirmé samedi avoir fait décoller un Su-30 pour intercepter un drone américain Reaper au-dessus de la mer.
Le nombre des attaques a augmenté de part et d’autre depuis que Moscou a refusé mi-juillet de reconduire un accord négocié par l’ONU qui autorisait les exportations de céréales ukrainiennes.
« Durant la nuit, le SBU (services ukrainiens de sécurité) a fait sauter le +SIG+, un important pétrolier de la Russie qui transportait du carburant pour les soldats russes », a dit samedi à l’AFP une source de ces services, qualifiant le navire de « l’un des principaux pétroliers de Russie ».
Cette nouvelle « opération spéciale » a été menée « avec succès » avec un drone naval et des explosifs, a-t-elle ajouté, assurant que le navire « était bien chargé de carburant donc les +feux d’artifice+ étaient visibles de loin ».
L’attaque avait été annoncée précédemment par l’Agence fédérale russe du transport maritime sur Telegram et l’agence russe RIA Novosti, qui avait précisé qu’elle n’avait pas fait de victimes.
La diplomatie russe a condamné une attaque ukrainienne contre « un navire civil », qui a « non seulement fait courir un risque de mort à son équipage, mais a également fait planer la menace d’une catastrophe environnementale de grande ampleur ».
Selon l’agence maritime russe, le pétrolier SIG a été touché au sud du détroit de Kertch. Il a subi un trou au niveau de la ligne de flottaison dans la zone de la salle des machines, « vraisemblablement à la suite d’une attaque d’un drone naval » mais il « est à flot » et des préparatifs sont en cours pour réparer les dégâts.
– trafic suspendu sur le Pont de Crimée –
Le trafic sur le pont de Crimée, reliant cette péninsule annexée en 2014 à la Russie, a été suspendu pendant trois heures avant de reprendre tôt samedi, selon le centre russe d’information autoroutier.
Ce pont, frappé à deux reprises par des opérations ukrainiennes meurtrières, sert à acheminer du matériel aux militaires russes sur le front ukrainien mais est également ouvert au trafic routier et ferroviaire civil.
En Crimée même, les autorités russes ont annoncé samedi avoir abattu un drone ukrainien lors d’une nouvelle tentative d’attaquer Sébastopol, grand port et base russe de cette péninsule.
Vendredi, une frappe de drone ukrainien avait visé pour la première fois un navire de débarquement russe dans une base russe, Novorossïisk, grand port pétrolier du sud-ouest de la Russie et terminus d’un oléoduc qui sert notamment à l’exportation du pétrole kazakh.
– Réunion sans la Russie à Jeddah –
Sur le front diplomatique, l’Arabie saoudite, qui a soutenu les résolutions du Conseil de sécurité de l’ONU après l’invasion russe, a accueilli samedi une réunion à Jeddah pour discuter de la « crise ukrainienne ».
Selon des diplomates, la réunion devait réunir une quarantaine de pays, dont les Etats-Unis, la Chine, l’Inde ou encore le Brésil. La Russie n’était pas représentée, Kiev étant à l’origine de ces discussions.
Aucune déclaration finale ne sera publiée, alors que certaines délégations prévoient des réunions bilatérales dimanche.
Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a lancé début juin une contre-offensive, qui n’a jusqu’à présent rencontré que des succès modestes.
L’armée russe a de son côté revendiqué samedi la prise du village de Novosselivské, dans le nord-est de l’Ukraine, une zone où elle est à l’attaque depuis plusieurs semaines.