Après avoir secouru 72 migrants en Méditerranée centrale vendredi, l’Aurora a reçu l’ordre des autorités italiennes de les emmener au port sicilien de Trapani, selon l’ONG.
Après avoir averti que Trapani était « inaccessible » faute de carburant suffisant et du fait d’un manque d’eau en situation de fortes chaleurs, l’Aurora a demandé de pouvoir se rendre sur l’île de Lampedusa, « quatre fois plus proche », ce qui lui a été refusé, les autorités l’invitant même à se rendre en Tunisie, selon Sea-Watch.
« En raison de la situation extrême à bord », une personne ayant perdu conscience, l’Aurora a finalement été autorisé à accoster samedi après-midi à Lampedusa, a détaillé l’ONG.
Mais « le navire est maintenant immobilisé pendant 20 jours sur la base du décret du gouvernement italien sur le sauvetage en mer, et Sea-Watch va être condamnée à une amende comprise entre 2.500 et 10.000 euros », a annoncé l’ONG dans un communiqué.
Sollicités par l’AFP, les garde-côtes italiens n’ont pas donné suite.
Depuis son entrée en fonction en octobre 2022, le gouvernement italien à majorité d’extrême droite dirigé par Giorgia Meloni a multiplié les entraves aux opérations des navires humanitaires et engagé un bras de fer avec ses partenaires européens pour obtenir d’eux davantage de solidarité dans l’accueil des migrants.
Un décret entré en vigueur début 2023 permet aux autorités d’assigner un port spécifique de débarquement aux navires, qui sont aussi désormais obligés d’effectuer un seul sauvetage à la fois.
L’exécutif assure qu’il s’agit de partager équitablement l’accueil des migrants entre régions italiennes. Les ONG dénoncent elles des entraves à l’assistance aux migrants, certains ports choisis étant très éloignés des zones de sauvetage.
Sea-Watch exige dans son communiqué la libération immédiate de l’Aurora. « Nous n’avions tout simplement pas d’autre choix que de naviguer vers Lampedusa », a déclaré la cheffe de mission, Rebecca Berker, accusant les autorités d’avoir « volontairement mis en danger » la vie des personnes à bord en insistant sur un port alternatif.
Le gouvernement Meloni est entré en fonction en promettant de faire baisser le nombre d’arrivées de migrants.
Plus de 105.000 migrants ont débarqué sur les côtes italiennes jusqu’à présent cette année, selon le ministère de l’Intérieur, contre moins de 51.000 à la même période l’an dernier.
Et près de 2.000 personnes sont mortes en tentant de traverser la Méditerranée centrale depuis début 2023, selon l’OIM, l’agence de l’ONU pour les migrations.