« Nous attendons le lecture de la décision avec calme », a dit lundi matin à l’AFP une source au sein de la délégation péruvienne, quelques heures avant que le juge Peter Tomka, président de la CIJ, ne prononce l’arrêt, qui sera sans appel possible, à partir de 15H00 (14H00 GMT).
Les présidents péruviens et chiliens Ollanta Humala et Sebastian Pinera se sont engagés à respecter la décision de la Cour. Ils devraient réagir depuis leurs pays respectifs quelques minutes après la fin de la lecture de l’arrêt.
L’arrêt en question pourrait de fait marquer l’épilogue de la guerre du Pacifique et permettre, peut-être, aux deux voisins de transcender leurs rancoeurs historiques.
Le Chili était sorti vainqueur de ce conflit emblématique qui a redessiné, à leur détriment, les contours du Pérou et de la Bolivie. Le Pérou perdit 25% de son territoire et la Bolivie son accès à la mer. Lima, mise à sac, fut occupée pendant près de quatre ans par les troupes chiliennes.
En 2008, le Pérou avait saisi la CIJ, réclamant la souveraineté sur une portion de l’océan Pacifique de 38.000 kilomètres carré de mer poissonneuse sous le contrôle du Chili ainsi que sur une portion de 27.000 km2 considérée par Santiago comme de la haute mer.
Le Pérou réclamait en outre au Chili une petite portion de terres d’une superficie de quatre hectares à la valeur surtout symbolique au vu du passé guerrier des deux pays.
Le Chili n’a accepté qu’à contrecoeur de se rendre à La Haye, assurant que la frontière entre les deux pays est fixée par des traités de 1952 et 1954 portant sur les zones de pêche, ce que conteste le Pérou.
Ce dernier estime de son côté que le tracé devrait être fixé une fois pour toutes à la lumière de la Convention de l’ONU sur la mer, et suivre une ligne Sud-Ouest équidistante depuis la frontière terrestre et non une ligne allant plein Ouest parallèle à l’équateur.
Une décision en faveur du Pérou affecterait les intérêts économiques du Chili dans une zone de pêche particulièrement rentable.
Mais selon certains experts, les relations commerciales entre le Pérou et le Chili sont trop importantes, plusieurs milliards de dollars par an, pour réellement mettre en danger la relation entre les deux pays.
L’arrêt sera suivi de particulièrement près par la Bolivie, qui a elle aussi saisi la CIJ, réclamant au Chili la possibilité de négocier un accès à la mer, perdu à l’issue de la guerre du Pacifique.
La rivalité folklorique entre le Pérou et le Chili ne risque quant à elle pas de périr lundi à La Haye et les passes d’armes entre Chiliens et Péruviens sur l’origine géographique du pisco, une eau-de-vie de raisin, ou de la pomme de terre risquent de continuer encore longtemps.