Un cargo espagnol se brise sur une digue à Anglet, l’équipage évacué

Ses onze membres d’équipage ont pu être évacués sains et saufs au cours d’une spectaculaire opération d’hélitreuillage, tandis que les autorités craignaient une pollution maritime.

Peu après 13H45 les onze marins du « Luno » qui se trouvaient à bord avec un pilote du port de Bayonne ont pu être hélitreuillés après plusieurs tentatives de l’hélicoptère et alors que les rafales de vent atteignaient par moments jusqu’à 110 km/h sur la plage de la Barre.

Vers 15H00, les marins se trouvaient toujours dans un poste de premiers secours mis en place à la patinoire d’Anglet, selon la mairie. Un seul des marins a été légèrement blessé, nécessitant la pose de quelques points de suture, sans hospitalisation.

Sur la plage — un spot du surf — gisait une moitié de carcasse rouge du cargo espagnol, de 3.446 tonnes, 100 mètres de long et 14,8 m de large, tandis qu’au bout de la digue, à quelques dizaines de mètres, restait accrochée l’autre moitié du navire, avec sa cabine de pilotage à l’arrière.

Naufragés « apeurés »

C’est sur une passerelle de cette partie arrière, à côté de la cabine de pilotage, que les onze hommes sont restés en attendant d’être sauvés, alors que « le bateau gîtait beaucoup avec une houle de six à huit mètres », a témoigné à l’AFP le commandant de l’hélicoptère Puma de l’armée de l’Air dépêché pour le sauvetage, le capitaine Benjamin Bourgault.

Les naufragés, « non-francophones, étaient complètement apeurés, tellement qu’ils refusaient de retirer leurs gilets de sauvetage pour mettre les brassières », nécessaires à l’hélitreuillage, a-t-il poursuivi. Ils ont finalement pu être évacués, aux alentours de 13H00, un à un.

Pendant ce temps, la préfecture des Pyrénées-Atlantiques évaluait les risques de pollution maritime, liés à une fuite de gasoil du navire, dont le réservoir contient 127 m3 de mazout, soit l’équivalent de quatre camions-citernes.

Cependant, les deux-tiers du carburant se trouvaient dans des reservoirs apparemment intacts dans la moitié avant du cargo, a-t-on précisé auprès de la mairie. Hormis des reflets de gasoil sur les flots, la plage ne présentait en début d’après-midi pas de trace de pollution.

Le premier niveau du plan de lutte contre les pollutions maritimes (Plan Polmar) a été déclenché en fin de matinée, selon le sous-préfet de Bayonne, Patrick Dallennes. Le ministre de la Mer, Frédéric Cuvillier, s’est rendu sur place dans l’après-midi, notamment pour commencer à évaluer les risques de pollution.

Le plan Polmar permet la mobilisation de moyens en mer et sur terre — notamment des barrages flottants, des dispositifs de récupération, des pompes ou des nettoyeurs à haute pression — et existe depuis 1978, suite à la catastrophe de l' »Amoco Cadiz », qui avait répandu 228.000 tonnes de pétrole sur le littoral breton.

Il a également été déclenché dans les Landes où aucune pollution n’a pour l’instant été détectée sur le littoral, a précisé la préfecture.

« Ca sent le pétrole sur la plage », a déclaré à Anglet l’AFP Iban Ithurbide, directeur d’une école de surf proche de la plage, où les badauds, nombreux, ont été évacués peu après 12H30, se postant alors sur un parking en retrait de la plage.

Une équipe de dépollution devait arriver dans l’après-midi de Brest, a-t-on précisé à la préfecture, qui a confirmé que le navire ne transportait rien d’autre que le gasoil de sa cuve.

Avarie électrique totale

Le naufrage s’est produit vers 10H10 alors que le cargo se trouvait à l’entrée du port de Bayonne vers lequel il se dirigeait. Il a subi une « avarie électrique totale », selon la préfecture maritime de l’Atlantique, une panne qui l’a sans doute rendu très difficile à manoeuvrer.

D’après le site internet spécialisé bateaux-fécamp.fr, le « Luno », sorti en 1994 des chantiers navals espagnols Astilleros de Murueta à Guernica et dont le port d’attache est Santa Cruz de Ténériffe, aux îles Canaries, avait déjà subi une avarie moteur le 13 juillet 2012, également à l’entrée du port de Bayonne, et avait dû être pris en charge par deux remorqueurs.

Au moment du naufrage, l’ensemble de la façade atlantique était en « alerte orange » face au risque de « vagues-submersions » et de vents forts.

Jean Espilondo, maire d’Anglet, s’est interrogé sur l’autorisation accordée au navire d’entrer dans le port de Bayonne par très mauvais temps: « On sait que les conditions d’entrée dans le port sont très difficiles », a-t-il noté.

Sur l’ensemble de la France, neuf départements de la Manche et de l’Atlantique étaient toujours placés en vigilance orange « vagues-submersion » par Météo-France (Charente-Maritime, Côtes-d’Armor, Finistère, Gironde, Landes, Loire-Atlantique, Morbihan, Pyrénées-Atlantiques et Vendée) en milieu d’après-midi.

En Bretagne, quelque 25.000 personnes étaient privées d’électricité en fin de matinée en raison des vents amenés par la tempête « Petra », qui frappe la côte atlantique depuis mardi soir, selon ERDF.

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