Vote retardé, matériel électoral manquant dans des zones traditionnellement critiques du chef de l’Etat qui tient le pays d’une main de fer, assesseurs empêchés d’observer le scrutin: l’opposition a dénoncé dès dimanche de nombreuses irrégularités.
Cette élection du président, dont on devrait annoncer le résultat cette semaine, et des gouverneurs des trois îles de l’archipel de 870.000 habitants (Grande-Comore, Anjouan et Mohéli), est entachée de « fraude électorale » mais aussi de « bourrages d’urnes », ont-ils protesté.
Alors que dans la capitale Moroni, toujours sous une pluie battante, chacun semblait avoir repris une activité normale, une grande tension régnait à Anjouan, où des jeunes ont manifesté spontanément à l’annonce de la victoire présumée du candidat du parti au pouvoir.
Son gouverneur actuel, Anissi Chamsidine, joint au téléphone par l’AFP, a dénoncé « un manque flagrant de transparence et d’équité » remettant en question « l’intégrité du processus électoral ».
Il évoque « un contexte tendu », des manifestations spontanées et « des détonations entendues » à Mutsamudu, fief de l’ancien grand rival du chef de l’Etat, l’ex-président populaire Ahmed Abdallah Sambi, en prison pour corruption à l’issue d’un procès jugé inéquitable.
« Nous sommes dans notre quartier général à Mutsamudu et nous avons été gazés par les forces de l’ordre », raconte François Botsy du parti Juwa. « Des jeunes ont manifesté, des détonations ont été entendues, provenant des forces de l’ordre pour disperser la foule », ajoute Mahmoud Elarif, du même parti.
A Mohéli, plus petite île comptant seulement quelque 25.000 électeurs, la situation restait tendue aussi.
Le parti au pouvoir « veut des résultats frauduleux » et proclamer la victoire de sa candidate au poste de gouverneur dès le premier tour, a expliqué à l’AFP Abdoulanziz Hassanaly, candidat de l’opposition à ce poste.
Son directeur de campagne a été « blessé par les forces de l’ordre alors que les manifestants tentaient de se rendre à la commission électorale », a-t-il précisé. « La population est descendue dans la rue ».
« L’armée est déployée partout à Fomboni », la capitale, « les citoyens ont barricadé les routes », souligne une riveraine, âgée de 25 ans, qui souhaite conserver son anonymat.
Mais il n’y a eu « ni blessé, ni arrestation », nuance Ibrahim Aballah, chef de la gendarmerie sur l’île. « Des manifestants lançaient des pierres mais la situation est désormais sous contrôle ».
Quelque 340.000 électeurs étaient appelés à se rendre aux urnes dimanche. Selon la commission électorale, qui a salué dimanche une élection « apaisée et sereine », la participation a dépassé les 60%.