Les tensions sont fortes entre les voisins de la Corne de l’Afrique depuis un rapprochement entre Addis Abeba et le Somaliland, matérialisé par la signature le 1er janvier d’un « protocole d’accord » prévoyant la location pour 50 ans à l’Ethiopie de 20 km de côtes du Somaliland sur le golfe d’Aden.
Les autorités somalilandaises ont affirmé qu’en échange de cet accès à la mer, l’Ethiopie allait devenir le premier pays à les reconnaître officiellement, ce qu’aucun n’a fait depuis que ce petit territoire de 4,5 millions d’habitants a unilatéralement proclamé son indépendance de la Somalie en 1991.
La Somalie, qui a exclu toute médiation avec l’Ethiopie sans retrait de l’accord, a promis de combattre par « tous les moyens légaux » ce texte, qui constitue selon elle une « agression » éthiopienne.
« Nous sommes toujours guidés par nos principes et nos principes sont liés à l’unité, à la souveraineté et à l’indépendance territoriale des pays, dont la Somalie », a affirmé M. Guterres lors d’une conférence de presse à Kampala, lors du sommet du groupe G77+Chine, comprenant 134 pays en développement.
« Nous espérons que par le dialogue, il sera possible de surmonter la situation actuelle », a-t-il conclu.
A l’issue d’une réunion extraordinaire jeudi, le bloc régional est-africain Igad a exhorté les deux pays à une « désescalade » et à « un dialogue constructif », tout en appelant au « respect de la souveraineté, de l’unité et de l’intégrité territoriale » de la Somalie.
Le président somalien Hassan Cheikh Mohamoud a participé à cette réunion mais aucun représentant éthiopien n’était présent.
De nombreux pays et organisations internationales (Etats-Unis, Chine, Union européenne, Union africaine, Ligue arabe en tête) ont appelé au respect de la souveraineté somalienne.
Deuxième pays le plus peuplé d’Afrique (120 millions d’habitants), l’Ethiopie est en quête d’un accès à la mer Rouge, qu’elle a progressivement perdu après l’indépendance en 1993 de l’Erythrée – qu’elle avait annexée dans les années 1950.
Région relativement stable comparée au reste de la Somalie en proie au chaos depuis trois décennies, la république autoproclamée du Somaliland dispose de ses propres institutions, imprime sa monnaie et délivre ses passeports, mais l’absence de reconnaissance internationale la maintient dans un certain isolement.
Elle reste pauvre malgré sa situation stratégique sur la rive méridionale du golfe d’Aden, sur l’une des routes commerciales les plus fréquentées au monde, à l’entrée du détroit de Bab-el-Mandeb menant à la mer Rouge et au canal de Suez.