L’autorité italienne de contrôle de l’aviation civile (Enac) a interdit ces derniers jours aux avions des ONG de survoler la Méditerranée centrale à la recherche de migrants à partir d’aéroports de Sicile, sous peine de sanctions allant jusqu’à la saisie de l’appareil.
« Ils veulent empêcher nos avions de témoigner sur ce qui se passe en Méditerranée, mais on ne s’arrêtera pas. Les ordonnances ont un objectif clair, arrêter nos avions de recherche, c’est-à-dire les seuls yeux de la société civile en Méditerranée », a réagi l’ONG allemande Sea-Watch.
Elle dénonce un « acte lâche et cynique (…) à des fins de propagande politique en vue des élections européennes », du 9 juin.
« Nous sommes les derniers témoins des crimes commis contre les droits humains », a déclaré à l’AFP Giulia Messmer, porte-parole de Sea-Watch pour l’Italie.
Elle précise avoir effectué un vol mercredi depuis l’île de Lampedusa « avec l’autorisation de l’aéroport de décoller et d’atterrir ».
Selon l’Enac, le rôle de recherche et sauvetage en mer revient aux garde-côtes italiens et toute activité en-dehors de ce cadre est illégale.
Mais les associations font valoir que les Etats n’assurent pas leur rôle de coordination et que les avions des ONG sont cruciaux pour permettre de communiquer aux navires humanitaires les positions GPS des embarcations.
Les ordonnances concernent les aéroports siciliens de Trapani, Palerme, Lampedusa et Pantelleria et les ONG ont la possibilité de déposer dans les 60 jours un recours devant un tribunal administratif.
L’Enac est chapeautée par le ministère des Transport dirigé par Matteo Salvini, le chef de la Ligue, d’extrême droite, qui a fait de la lutte contre les migrants son cheval de bataille.
Depuis son arrivée au pouvoir en octobre 2022, le gouvernement ultra-conservateur de Giorgia Meloni a multiplié les entraves aux activités des ONG, alors que 150.000 migrants sont arrivés dans la péninsule en 2023.
Une nouvelle loi oblige ainsi les navires ayant secouru des migrants à faire route « sans délai » vers un port dès la première opération, sans pouvoir secourir éventuellement d’autres embarcations.
Le port assigné aux navires est par ailleurs souvent très éloigné du lieu de sauvetage, obligeant les ONG à naviguer pendant plusieurs jours avant débarquement, au prix de d’une perte de temps et d’une envolée des coûts.