Cette question domine les conversations sur l’île autonome depuis la semaine dernière, éclipsant même l’annonce d’exercices militaires de Pékin autour de Taïwan pour « punir » le président Lai Ching-te.
La Chine – qui revendique Taïwan comme faisant partie de son territoire – a déclaré que le discours d’investiture lundi de Lai était un « aveu d’indépendance ».
Alors que des avions et des navires de guerre chinois encerclaient l’île vendredi, des dizaines de milliers de personnes ont envahi les rues autour du parlement de Taipei, appelant la population à « défendre la démocratie » sur un autre front.
Les objets de discorde sont cinq propositions de loi en cours d’examen au Parlement, proposées par le plus grand parti d’opposition de Taïwan, le Kuomintang (KMT), considéré comme pro-Pékin, et le nouveau Parti du peuple de Taiwan (TPP).
Les partisans de ces lois affirment qu’elles sont nécessaires pour lutter contre la corruption. Le Parti démocrate progressiste (PDP) au pouvoir assurent en revanche que ces projets de loi ont été présentés sans une consultation appropriée.
L’une des infractions les plus controversées est celle d' »outrage au Parlement », qui criminalise les fonctionnaires peu disposés à coopérer aux enquêtes législatives.
L’ingénieur en informatique Liao Wei-hsiang, 40 ans, a confié avoir pris un jour de congé car il craignait que (les partis d’opposition) ne vendent Taïwan pour pouvoir commercer avec la Chine dans leur propre intérêt.
Pour sa part, l’étudiante Amanda Tsai a estimé que les projets de loi « donneraient trop de pouvoir aux députés ».
Bien que la présidence du Parlement soit aux mains du PDP depuis 2016, aucun parti ne détient actuellement une majorité absolue, ce qui risque de causer des problèmes au nouveau chef de l’Etat.
La matinée de vendredi a débuté par une brève bagarre entre deux députés alors que le bâtiment du parlement est recouvert de pancartes.
« De quoi PDP a-t-il peur? », s’interroge une pancarte.
« La réforme législative vise à rendre le pouvoir au peuple, à enquêter et à prévenir la corruption », assure le député du KMT, Hung Mong-kai.