A la clôture du scrutin, 60,02% des plus de 222.000 électeurs de l’archipel français du Pacifique Sud avaient déposé leur bulletin dans l’urne, une nette hausse par rapport aux élections législatives de 2022 (13,06%).
Pour Nouméa, seuls sept lieux ont été ouverts pour accueillir les 56 bureaux de vote de la ville aux 72.700 électeurs.
Malgré des épisodes de violences ponctuelles, l’agglomération a retrouvé un calme précaire depuis quelques jours et l’Hôtel de ville, où plusieurs bureaux ont été regroupés, a ouvert sous la garde plutôt relâchée d’une dizaine de policiers et gendarmes.
Les troubles qui ont plongé l’archipel dans le chaos, faisant neuf morts et des dégâts considérables depuis le 13 mai, sont dans toutes les têtes.
« On est hallucinés par toutes ces exactions, c’est une horreur », lance Philippe, un Nouméen de 63 ans qui souhaite garder l’anonymat et dit avoir voté « pour mettre un terme à tout ça ».
Des agents municipaux ont été mobilisés pour orienter les électeurs, qui formaient une longue file dès l’ouverture des urnes à 07H00 locales (22h00 samedi à Paris).
« Ca va être décisif pour le pays », estime Cassandre Cazaux, infirmière « née ici » et qui se « considère calédonienne », venue voter dès la fin de son service de nuit. « Il faudrait qu’il y ait du monde mais je ne sais pas si tout le monde va jouer le jeu. Il y a aussi pas mal de gens qui sont blasés ».
Jacques Wabete voit lui dans la dissolution une « chance » qui permettra de « peut-être rabattre les cartes » car la Nouvelle-Calédonie est « dans une impasse ». « On va peut-être trouver une solution qui soit commune », poursuit-il.
– « Une voix du pays » –
A Ko Wé Kara, dans le nord de Nouméa où vivent de nombreux Kanak, les votants devaient patienter un long moment avant de pouvoir voter.
Certains venaient de loin, parfois en covoiturage, pour s’exprimer dans ce centre culturel qui accueille huit bureaux.
A l’entrée, des policiers vérifiaient les sacs des piétons et ouvraient le coffre de chaque véhicule, en sortant occasionnellement une machette, mais le scrutin se déroulait dans une ambiance conviviale.
« Je suis indépendantiste: il faut qu’on ait quelqu’un pour nous représenter, qu’on porte une voix du pays, de notre identité », confie Jimy Wahnapo, un ouvrier en bâtiment de 38 ans qui espère la victoire de « sa » candidate Omayra Naisseline.
« Ca fait partie du combat de venir voter », poursuit-il, estimant le scrutin « décisif (…) pour ce qui va se passer après ».
Quelques mètres plus loin, Priscilla Wahnato, 37 ans, appelait à « faire le bon choix ». « Je pense à tous ceux qui ont perdu leur emploi, toutes les maisons brûlées. On est dans une crise économique, il faut vraiment que tout s’arrête », répète cette employée d’une chaîne de restauration.
A travers Nouméa, les barrages sont moins nombreux mais subsistent à certains carrefours des campements indépendantistes où flottent les drapeaux kanak. Sur l’un d’eux, dans le quartier de Rivière-Salée, le mot d’ordre est passé et les dispositions ont été prises pour que les militants puissent voter sans abandonner leurs positions.
« Ce matin, c’était les filles et les mamans. Puis les garçons cet après-midi », explique Georgette, originaire de l’île d’Ouvéa, qui attend qu’on l’emmène à son tour à Ko Wé Kara car elle était de corvée dans la matinée pour cuisiner le bougna, plat typique kanak.
Ailleurs en Nouvelle-Calédonie, le scrutin s’est déroulé sans encombre. Seule exception, la commune de Houaïlou (côte Est) où la gendarmerie a été attaquée dans la nuit, selon le Haut-Commissariat. L’accès à la mairie, bloqué par des émeutiers, a empêché la tenue du scrutin.