Sa lointaine successeure à la mairie de Paris, Anne Hidalgo, doit se baigner cette semaine dans le fleuve, censé ensuite accueillir les épreuves de triathlon (30 et 31 juillet, 5 août), de natation-marathon (8 et 9 août) et de paratriathlon (1er et 2 septembre) lors des Jeux olympiques et paralympiques.
– XVIIe siècle : la mode des bains dans la Seine –
La baignade dans la Seine était pratiquée sous l’Ancien Régime. À Paris, « la mode des bains dans la Seine apparaît au milieu du XVIIe siècle le long du quai Sully », selon un article historique publié sur le site de la Mairie de Paris. Il est alors d’usage de se baigner nu, une pratique qui sera interdite dès la fin du siècle.
Aux siècles suivants, des piscines flottantes sont installées sur la Seine, alimentées par l’eau du fleuve, selon la même source. La plus célèbre, la piscine Deligny, du nom d’un des premiers maîtres-nageurs qui donnaient des cours le long des quais du VIIe arrondissement, est érigée en 1801 sur une douzaine de barges.
Une vingtaine de bassins similaires cohabiteront à Paris à la fin du XIXe siècle, avant de tomber en désuétude avec l’avènement des piscines « terrestres ».
– 1923 : interdiction de la baignade –
Mais des irréductibles continuent de se baigner directement dans le fleuve jusqu’en 1923, année où un arrêté préfectoral interdit la baignade sous peine d’amende, « en raison des dangers causés par la navigation fluviale et la pollution ».
Encore aujourd’hui, une brigade fluviale patrouille pour empêcher les plongeons.
– 1988 : la promesse de Chirac –
Le 28 novembre 1988, Jacques Chirac, alors maire de Paris, fait une promesse restée célèbre : « Dans cinq ans, on pourra à nouveau s’y baigner », annonce-t-il, lors du lâcher de 5.000 brochets dans la Seine.
« Chiche », lui répond Brice Lalonde, secrétaire d’État à l’Environnement de l’époque. « Je viendrai avec les serviettes et les antibiotiques », ironise-t-il.
Jacques Chirac confirmera sa promesse en 1990 lors d’une interview sur FR3, promettant de se « baigner dans la Seine devant témoins » en 1993. Il n’en fera rien…
– 2016 : Hidalgo la reprend à son compte –
Le 17 mai 2016, la maire de Paris Anne Hidalgo fait sienne la promesse de Jacques Chirac dans le cadre de la candidature de Paris pour accueillir les Jeux olympiques de 2024, vantant des épreuves de triathlon « dans la Seine, au pied de la Tour Eiffel ».
Autre objectif: aménager des zones de baignade pérennes pour le grand public après 2024.
En 2023, Mme Hidalgo promet de s’immerger elle-même dans la Seine l’année des JO.
– 2024 : les JO en ligne de mire –
À deux semaines de l’échéance, le programme des JO-2024 prévoit que les épreuves olympiques de triathlon et de nage en eaux vives partent du pont Alexandre III, qui relie le Grand Palais aux Invalides.
Mais la tenue de ces compétitions dépendra de la qualité de l’eau du fleuve. Des relevés sont faits quotidiennement, notamment pour analyser les taux de bactérie intestinale Escherichia coli. L’été dernier, une épreuve de Coupe du monde de natation en eau libre avait été annulée, la qualité de l’eau étant insuffisante.
– Objectif 2025 pour le grand public –
À partir de l’été 2025, le grand public est censé pouvoir se baigner dans la Seine sur trois sites : le Bras Marie (IVe arrondissement, centre), Grenelle (XVe, ouest) et Bercy (XIIe, est).
La baignade « sera limitée à la saison estivale », elle sera « gratuite et ouverte largement au public », selon la mairie.
Depuis 2016, l’État et les collectivités locales franciliennes ont investi environ 1,4 milliard d’euros pour rendre baignables la Seine et la Marne, son principal affluent en Ile-de-France, avec notamment la mise en conformité de la collecte des eaux usées, via la fin des « mauvais branchements privés » en amont de la capitale.