« En s’attaquant au mémorial, c’est le vivre-ensemble que l’on veut atteindre », s’est indignée dans un communiqué Florence Rolland, maire de la commune de La Foa (province Sud), où se trouve le mausolée.
Une enquête, confiée à la gendarmerie, a été ouverte, a précisé l’édile.
Les crânes du grand chef et de son sorcier ont également été dérobés et une plaque du site mémoriel rendant hommage aux colons morts pendant la révolte a été détériorée.
Le grand chef Ataï, devenu au fil du temps le symbole de la résistance à la colonisation, avait été décapité au cours de la révolte kanak de 1878, provoquée par la pression foncière exercée par les Européens.
Sa tête avait par la suite été expédiée en métropole, où elle a longtemps été déclarée perdue avant d’être retrouvée en 2011 puis restituée en 2014 à la Nouvelle-Calédonie.
Elle avait été réinhumée le 1er septembre 2021 à La Foa, 143 ans jour pour jour après sa décapitation, à l’occasion d’une grande cérémonie incluant populations kanak et descendants d’Européens.
« Je n’ai pas de mots, je suis très touché », a commenté auprès de l’AFP Berger Kawa, descendant d’Ataï, qui a oeuvré toute sa vie pour faire revenir les restes de son ancêtre en Nouvelle-Calédonie et dont la pugnacité avait permis la restitution de 2014.
« Pour moi, c’est de la provocation, pour inciter les gens à se battre. Mais il n’y a de solution que dans la discussion », a ajouté le septuagénaire.
« Ces agissements sapent tous ces liens que nous avons durement tissés et construits dans la douleur, depuis des décennies, pour parvenir à bâtir un avenir en commun », a regretté dans un communiqué Louis Mapou, le président indépendantiste du gouvernement local.
Le représentant de l’État, le haut-commissaire de la République Louis Le Franc, a pour sa part condamné « un acte d’une grande gravité » dans un communiqué. Il a par ailleurs annoncé « un dispositif de sécurité pour garantir l’intégrité des lieux de culte », après l’incendie volontaire la semaine dernière de deux églises et d’un presbytère.