« Nous sommes face à un moment décisif, historique », a martelé le ministre des Outre-mer Manuel Valls lors des questions au gouvernement à l’Assemblée nationale, quelques heures après avoir entamé ces entretiens bilatéraux « avec tous les partenaires politiques de la Nouvelle-Calédonie ».
L’ancien Premier ministre, qui avait déjà la charge du dossier calédonien lors de son passage à Matignon (2014-2016), a récupéré ce dossier bouillant avec l’objectif de relancer le processus politique dans l’archipel.
Peu de détails ont filtré sur le contenu et l’agenda de ces bilatérales avec six délégations calédoniennes, représentant les forces politiques constituées en groupe au congrès de Nouvelle-Calédonie. Elles doivent continuer jusqu’à la semaine prochaine.
« La Nouvelle-Calédonie est meurtrie (…). Le sang a de nouveau coulé et les fractures sont profondes. Elles paraissent même irréductibles et j’ai le sentiment d’un terrible retour en arrière », a-t-il poursuivi dans l’hémicycle, répondant au député Emmanuel Tjibaou, qui mène la délégation des indépendantistes du FLNKS.
Le 13 mai 2024, des émeutes liées au projet gouvernemental de dégel du corps électoral calédonien ont éclaté en Nouvelle-Calédonie, ravageant son tissu économique, faisant 14 morts et plus de deux milliards d’euros de dégâts. Depuis, le processus politique est à l’arrêt et les deux camps ne se parlent plus.
Principale alliance indépendantiste, le FLNKS est affaibli par le retrait de ses deux composantes les plus modérées (le Palika et l’UPM) mais entend poser à Paris ses conditions à la reprise du dialogue, exigeant « un accord conduisant à l’indépendance » conclu au plus tard en septembre 2025.
Le FLNKS a en outre élu à sa tête Christian Tein, en détention provisoire pour son rôle dans les émeutes de 2024, une provocation aux yeux des loyalistes.
Reste que le FLNKS a accepté lors de son congrès, fin janvier, de se déplacer à Paris. « Je prends comme un signe positif que toutes les formations politiques soient venues », a déclaré à l’AFP la présidente du Congrès calédonien, Veylma Falaeo, du parti Eveil océanien (EO).