« Nous nous sommes retirés et nous avons fait passer le message. C’est fini », a déclaré à l’AFP le directeur adjoint du conglomérat norvégien, Eystein Eriksrud à Oslo.
M. Eriksrud n’a pas voulu s’étendre sur les raisons de son retrait mais son entreprise a exprimé à plusieurs reprises dans le passé sa frustration de n’avoir obtenu aucune réponse à ses marques d’intérêt, ni de la part de Transdev, l’actionnaire majoritaire de la SNCM, ni de l’État français.
« Il n’y a aucune clarté concernant ce que Transdev ou les actionnaires veulent faire de la compagnie », a-t-il dit sans donner de détail.
Le norvégien était prêt à financer l’achat de sept nouveaux navires (quatre commandes fermes et trois options) pour la compagnie française, avait affirmé le mois dernier le journal Les Echos, une information que Siem Industries n’avait pas confirmée.
L’achat de ces navires était prévu dans le cadre du plan de redressement de l’actuel directoire.
« C’est la révélation officielle du double langage de l’Etat » a commenté l’élu des officiers CFE-CGC Pierre Maupoint de Vandeul selon lequel Siem était clairement en faveur du directoire conduit par M. Dufour. Selon les syndicats de la SNCM, le secrétaire d’Etat aux transports, Frédéric Cuvillier s’était en effet engagé, auprès de Siem, à soutenir le directoire sortant.
Transdev, la filiale de la Caisse des dépôts et consignations et de Veolia, actionnaire majoritaire de la SNCM (66% contre 25% à l’Etat et 9% aux salariés) a pour sa part rejeté le plan de redressement soutenu par les syndicats.
Lundi, lors du conseil de surveillance, Transdev a voté contre la reconduction du directoire dont le mandat prend fin le 31 mai et les trois représentants de l’Etat se sont abstenus.
Le nouveau directoire de la compagnie doit être élu par le conseil de surveillance le 28 mai.
Redoutant un démantèlement de la compagnie, faute de repreneur, les syndicats entendent utiliser ce délai pour obtenir des éclaircissements et des engagements de la part de Transdev et du gouvernement.
Syndicat majoritaire, la CGT a demandé à être reçue au plus tôt par le Premier ministre Manuel Valls, laissant entendre que des « actions » seraient envisagées en fonction des réponses apportées par le gouvernement.
La CFE-CGC demande aussi que les syndicats soient « associés » aux négociations lors d’une rencontre avec M. Valls et Ségolène Royal, ministre de tutelle du secrétaire d’Etat aux transports. « Après la reculade de lundi et le vote anormal de l’Etat », qui a permis selon lui de « repasser la main à Transdev », M. Cuvillier « est totalement déconsidéré », a estimé Maurice Perrin (CFE-CGC). Pour lui « le coeur du problème c’est le projet industriel », le plan de M. Dufour auquel « Siem s’intéressait » et que Transdev « veut abandonner ».
« On espère que le retrait de Siem est provisoire », a ajouté M. Maupoint de Vandeul qui s’interroge. « Quelle est la stratégie de Transdev ? Ne travaille-t-il pas déjà à un démantèlement ? ».
Pour l’heure, les syndicats n’ont pas eu de réponse de Matignon. Ni la CGT ni la direction de la SNCM n’étaient joignables mercredi après-midi.
Le gouvernement « assurait, il y a quelques jours encore, à ce possible repreneur que le directoire en place serait maintenu, il s’est renié et a fait le choix inadmissible de laisser l’actionnaire majoritaire démanteler la société », a réagi, dans un communiqué, Roland Blum, adjoint UMP à la mairie de Marseille.
Il demande « que tout soit fait dans les prochaines heures pour respecter les engagements pris et faire en sorte que ce retrait ne soit que temporaire ».
De source proche du dossier, des contacts ont été pris entre Transdev et Siem qui demande, en préalable, des garanties sur la décision de Bruxelles et ses conséquences.
La SNCM est sous le coup d’une condamnation de Bruxelles de remboursement de 440 millions d’euros d’aides publiques. M. Cuvillier rencontre vendredi à ce sujet Joaquín Almunia, vice-président de la commission européenne.
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