Des soldats kényans, intégrés à la force de l’Union africaine en Somalie (Amisom) en soutien à la fragile armée régulière somalienne, ont pris position à environ 40 km de Kismayo, poumon économique des shebab dans le sud de la Somalie, a annoncé leur commandement.
« Nous n’avons pas de date précise pour marcher sur Kismayo, mais ce sera bientôt », a assuré mardi à l’AFP le porte-parole de l’armée kényane, Cyrus Oguna, revendiquant la prise d’une nouvelle localité, le village de Jan Abdala, au nord-ouest de Kismayo.
D’intenses combats ont déjà opposé dimanche et lundi les forces pro-gouvernementales aux insurgés islamistes près de Birta-Dher, selon Mohamed Farah, porte-parole des forces somaliennes sur le terrain.
Des témoins interrogés par l’AFP par telephone à Kismayo ont confirmé avoir entendu lundi le bruit de combats d’artillerie, et certains ont ajouté avoir vu un certain nombre de combattants shebab « quitter la ville », d’autres ont fait état de véhicules transportant « plusieurs (combattants) blessés ».
Le porte-parole des shebab, Ali Mohamoud Rage, interrogé par l’AFP par téléphone, a cependant démenti toute évacuation des islamistes de Kismayo.
Les soldats kényans « ne sont même pas proches » de Kismayo, a-t-il assuré. « L’armée kényane veut gagner par les média et la propagande ce qu’elle n’a pas réussi à gagner militairement ».
« Nous allons continuer le combat jusqu’à ce que le dernier combattant étranger ait quitté la Somalie et que la loi islamique soit instaurée » dans le pays, a-t-il ajouté.
La marine kényane qui patrouille au large de Kismayo — une ville de 193.000 habitants selon l’ONU — a ouvert le feu sur le port ces dernières semaines pour amoindrir les capacités de résistance des islamistes.
« L’assaut sur Kismayo mobilisera des forces d’infanterie, aériennes et navales », a ajouté le colonel Oguna.
Le Haut commissariat des Nations Unies pour les réfugiés a prévenu mardi que « de plus en plus de gens fuyaient leur maison à Kismayo ». Plus de 5.200 civils ont déjà fui depuis le début de ce mois et « ce nombre va vite augmenter ».
« Nous avons demandé aux civils — pas seulement à Kismayo mais dans d’autres secteurs vers lesquels nous avançons — de quitter les lieux pour leur propre sécurité », a commenté le porte-parole militaire kényan.
« Nous voulons limiter les dommages collatéraux car nous savons que les shebab utilisent des civils comme boucliers humains », a-t-il assuré.
Kismayo est l’objectif final que s’est fixé l’armée kényane depuis qu’elle est entrée en octobre dernier en Somalie pour aider à neutraliser les shebab, aux côtés de la force de l’UA et d’un contingent de l’armée éthiopienne.