« Un ouragan »: les pêcheurs de crustacés britanniques victimes d’une invasion de poulpes

Plymouth (Royaume-Uni), 28 août 2025 (AFP) – Lorsque le pêcheur Brian Tapper a contrôlé ses 1.200 casiers à crabes dans les eaux au large du sud-ouest de l’Angleterre, il a eu une série de mauvaises surprises. Le réchauffement des océans est montré du doigt.

En mars et avril, les casiers étaient presque entièrement vides. A partir de mai, ils étaient remplis de poulpes, puis le mois dernier ils sont à nouveau revenus quasiment vides.

Le phénomène est observé le long de la côte du Devon et du sud des Cornouailles au Royaume-Uni, où une prolifération de poulpes, sans précédent dans les eaux britanniques, bouleverse le secteur de la pêche.

Ces mollusques à tentacules sont notoirement voraces, engloutissant des crustacés comme les crabes et les coquillages.

L’épouse de Brian Tapper a déjà fermé son usine de transformation de crabes sur le quai en raison de la diminution des prises. Et lui doute de parvenir à maintenir son activité à flot.

« C’est comme un véritable ouragan pour nous », dit Brian Tapper à l’AFP sur le port de Plymouth, où ses trois bateaux de pêche au crabe sont à l’arrêt.

Cet homme de 53 ans estime que sa prise a diminué de moitié. Sans une reprise, elle va baisser des quatre cinquièmes d’ici fin 2025, s’inquiète-t-il.

Un réchauffement de la mer depuis un an et demi dans la région et au-delà est tenu pour responsable de la prolifération des poulpes, qui affectionnent les eaux chaudes.

Les experts du climat soulignent que les activités humaines, comme la combustion des énergies fossiles qui libère du carbone, joue un rôle essentiel dans la hausse de la température des océans.

« Je pêche ici depuis 39 ans et je n’ai jamais vu des poulpes comme ça », déplore Brian Tapper. « Je n’ai jamais vu un changement instantané comme celui-ci. C’est si rapide (…). Le crabe ne reviendra pas avant que j’arrête de travailler », craint-il.

– Du poulpe au menu –

Les pêcheurs britanniques ont ramassé plus de 1.200 tonnes de poulpe au cours des six premiers mois de 2025. Sur la même période en 2023, c’était moins de 150 tonnes, et moins de 80 tonnes sur les six premiers mois de 2024, selon la Marine Management Organisation, une agence gouvernementale.

La pêche de crustacés, comme le tourteau, a elle considérablement diminué en 2025.

Les poulpes « mangent nos espèces indigènes à un rythme que personne ne peut imaginer. C’est effrayant », déclare Sue MacKenzie, qui travaille pour l’entreprise locale Passionate About Fish.

Des pêcheurs ont bénéficié d’un certain répit en vendant des poulpes. Des restaurants ont adapté leur carte en proposant du poulpe, faute de crustacés.

Mais cela n’a pas duré, le nombre des poulpes ayant chuté en juillet.

« Nous sommes vraiment préoccupés par l’impact sur les stocks de crustacés dans le sud-ouest », affirme Beshlie Pool, responsable de l’association des pêcheurs de coquillages dans le South Devon et la Manche, qui représente plus de 50 bateaux.

Chris Kelly, qui pêche « un peu de tout » avec son bateau de 7 mètres, en utilisant des casiers, des filets et des lignes, fait partie de ceux qui ont obtenu de bons prix en vendant des poulpes.

« Mais nous ne capturons pas de homards, et à long terme, on se demande ce que ça va impliquer pour les stocks », souligne-t-il.

Des responsables locaux et nationaux ont commandé une étude sur la situation. Un premier rapport doit être publié en octobre.

Selon Bryce Stewart, chercheur de l’Université de Plymouth qui dirige cette étude, les précédentes proliférations de poulpes au Royaume-Uni, en 1899, dans les années 30 et en 1950, ont toutes été précédées d’un réchauffement de la mer.

Il soupçonne que les poulpes se reproduisent dans les eaux locales et y survivent pendant l’hiver.

Les poulpes à longs bras de l’Atlantique, aussi bien mâles que femelles, qui vivent généralement environ 18 mois, meurent généralement peu de temps après s’être reproduits.

Cela pourrait expliquer leur disparition soudaine.

Bryce Stewart est souvent interrogé pour savoir si les pieuvres vont désormais rester dans les eaux du sud-ouest. Sa réponse? « Probablement ».

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