Le navire de 114.500 tonnes, redressé en septembre lors d’une opération sans précédent de rotation de sa coque échouée, sera détruit à son arrivée. Cette dernière page de la longue et tragique histoire du Concordia coûtera 100 millions d’euros et générera des dizaines d’emplois pour le port génois.
La décision définitive sur le lancement de l’opération, « conditionnée au feu vert de l’Observatoire sur l’environnement » et à une météo clémente, sera prise dimanche, a annoncé Costa (groupe américain Carnival), propriétaire du Concordia.
Une interdiction de survol sera décrétée pendant l’opération, ainsi que des restrictions sur les mouvements des ferries et autres embarcations entre la terre ferme et cette île très touristique, située au large de la Toscane.
Menée par l’armateur italien et effectuée par le consortium américano-italien Titan-Micoperi, l’opération de sauvetage organisée dès le naufrage du navire en janvier 2012 représente un coût total de quelque 1,1 milliard d’euros. Outre le redressement du paquebot, elle prévoit son renflouement sur un ou deux jours, puis quatre à cinq jours de stabilisation avant son départ du Giglio.
« La phase la plus critique, ce sera le premier jour, quand nous allons renflouer le bateau pour la première fois. Une opération de ce type, sur un navire transportant des passagers aussi imposant, n’a jamais été réalisée auparavant », résume à l’AFP le Sud-Africain Nick Sloane, le « senior salvage master » en charge du projet depuis ses débuts.
A la tête d’une équipe d’experts, M. Sloane, pour qui le sauvetage du Concordia restera « son plus grand défi » en vingt ans de carrière, supervisera les différentes étapes de l’opération depuis une salle de contrôle.
La dernière traversée de la Méditerranée du géant des mers – longue de 280 km – durera ensuite quatre jours environ, pour se terminer à Gênes vers le 24 juillet. L’épave devrait passer à 25 km de la Corse, près d’Elbe et à 10 km de l’île italienne de Capraia.
– Le scénario du pire: que le navire se brise –
Le transfert ne se fera que selon certaines conditions météorologiques: pas de vents supérieurs à 15 noeuds (environ 30 km/h) et pas de vagues supérieures à deux mètres.
Plus de 300 ingénieurs, techniciens, plongeurs travaillent sur le navire. Ils ont terminé d’attacher sur ses flancs 30 caissons géants remplis d’eau qui seront vidés pour le faire remonter de -30 mètres à -18 mètres.
« Le pire des scénarios serait que le bateau se brise ou coule durant le renflouement », souligne à l’AFP Giorgia Monti, de l’association écologiste Greenpeace, qui a prévu d’envoyer une équipe d’observateurs pour surveiller l’opération sur l’île, l’une des réserves marines les plus importantes d’Europe.
Il ne faut pas oublier, a ajouté Mme Monti, qu’ils s’agissait d’une « cité flottante, équipée pour accueillir des milliers de passagers, avec des litres de liquides polluants, d’huiles, de détergents et autres produits chimiques toujours sur place ».
Diffusée dernièrement par la police italienne, une vidéo de l’intérieur du paquebot – qui faisait deux fois la taille du Titanic – montre des canapés qui pourrissaient, un écran de télévision géant, un vase de fleurs en plastique resté sur son socle…
Le Concordia a fait naufrage le 13 janvier 2012 après avoir violemment heurté un rocher devant le Giglio, faisant 32 morts et des dizaines de blessés sur ses plus de 4.200 occupants, issus de 70 nationalités.
Le corps d’un serveur indien, Russel Rebello, qui n’a toujours pas été retrouvé malgré d’intensives recherches, pourrait d’ailleurs être repêché lors du renflouement.
Alors que d’autres membres d’équipage ont négocié des peines à l’amiable, le capitaine du paquebot, Francesco Schettino, est le seul à être jugé, par un tribunal de Grosseto (centre), pour homicides par imprudence, naufrage et abandon de navire.