Les autres membres de l’Union européenne ont voté contre le Danemark après l’échec de discussions visant à diminuer le nombre de captures proposées, ce qui a surpris des observateurs présents à la réunion annuelle de la CBI.
Des délégués et des représentants des associations écologistes se sont dit préoccupés par l’augmentation de la vente de viande de baleine au Groenland, ce qui démontrerait qu’il s’agirait d’une chasse commerciale déguisée et non d’une pratique traditionnelle destinée à la consommation indigène, autorisée par la CBI.
Le Danemark avait demandé de se voir allouer un quota de 1.326 prises entre 2013 et 2018, dont 10 baleines à bosse par an, en légère augmentation par rapport à un accord négocié il y a deux ans.
En raison du vote négatif de la Commission, le Danemark ne sera plus autorisé à chasser de baleines à l’expiration de ses quotas, fin 2012.
« Nous allons rentrer à la maison et réfléchir à ce que nous allons faire à l’avenir », a déclaré le délégué danois, Ole Samsing, devant la presse.
Vingt-cinq pays ont soutenu la demande danoise, 34 s’y sont opposés et trois se sont abstenus.
« Il me semble que certains pays n’ont pas assumé leurs responsabilités. C’est dommage », a également déploré M. Samsing.
Les opposants à la chasse ont reproché au Danemark de n’avoir pas su négocier avec les autres pays.
« Ces cinq dernières années, nous avons vu les efforts du Groenland pour progressivement augmenter ses prises et son insistance à obtenir la complicité de la Commission », a critiqué le délégué néo-zélandais, Gerard van Bohemen.
Le Monégasque Frederic Briand, vétéran de la protecion des baleines, a estimé que le Danemark et le Groenland auraient dû « présenter leur demande d’une façon plus mesurée, sans aller directement à l’affrontement ».
L’Islande – unique pays avec la Norvège à se livrer ouvertement à la pêche commerciale – a estimé pour sa part que la Commission pâtissait de « dysfonctionnements ».
« Je ne sais vraiment pas ce que nous cherchons », déclaré le délégué islandais Johann Gudmundssona, qui s’est demandé si cette décision s’adressait « aux gens qui veulent faire des océans des espèces de musées ».
La Commission, dont la réunion annuelle se déroule jusqu’à vendredi, a approuvé mardi des quotas de chasse pour les populations autochtones des Etats-Unis, de la Russie et de Saint-Vincent-et-Grenadines, dans les Caraïbes.
Mercredi, la Corée du Sud a créé la surprise en annonçant la reprise de campagnes de pêche scientifiques, abandonnées depuis 26 ans, une pratique tolérée par la CBI qui interdit la chasse commerciale aux cétacés depuis 1986.
Lundi, le Japon avait fait échouer un vote sur la création d’un sanctuaire pour baleines dans l’Atlantique sud.
Selon des chiffres présentés par des associations écologistes, plus de deux millions de baleines ont été abattues au XXe siècle par l’industrie de la pêche, plaçant ce mammifère marin au bord de l’extinction. Leur commerce générerait 2,1 milliards de dollars de recettes par an.