« Le Conseil régional est totalement disposé à anticiper les investissements nécessaires » pour permettre à l’armement de se mettre en conformité avec les conditions nouvelles décidées au plan européen, a déclaré à l’AFP Gérard Lahellec, vice-président en charge des transports.
La Région est « extrêmement préoccupée » par la situation de la compagnie qui représente « une menace pour toute l’économie bretonne », a estimé l’élu. « La Région tient à la Brittany comme à la prunelle de ses yeux, tant en ce qui concerne ses activités économiques que le pavillon français » auquel elle est toujours restée attachée. « C’est un armement d’excellence, doté d’un personnel qui constitue un atout inédit au plan européen », a-t-il dit.
La passe difficile que traverse la Brittany Ferries au plan financier est essentiellement due à « des causes exogènes » (crise économique et baisse de la livre sterling notamment, car 85% des passagers de la compagnie sont des Britanniques), mais le conflit social qui perdure « rajoute encore aux difficultés », a déploré M. Lahellec. « La prolongation du conflit serait catastrophique », a-t-il dit.
La région Bretagne et la région Normandie financent, à des hauteurs différentes, les investissements de l’armement et « le remboursement s’effectue par l’usage », a précisé le vice-président de Région, rappelant que les liaisons assurées par la compagnie sont « la seule autoroute de la mer fonctionnant sans subvention, et en plus, sous pavillon français ».
Une nouvelle directive européenne -directive soufre-, qui devrait entrer en vigueur début 2015, prévoit un abaissement important du taux de soufre dans les émissions des navires, ce qui constitue une contrainte financière supplémentaire -surcoût carburant- pour les armements dans un contexte économique très tendu, en particulier sur le Transmanche.
Les discussions se poursuivaient toujours mercredi soir au siège de la Brittany Ferries, à Roscoff (Finistère), où le dialogue semblait très difficile entre syndicats de navigants (hors officiers) et direction.
La compagnie, qui dessert la Grande-Bretagne, l’Irlande et l’Espagne, a décidé vendredi d’immobiliser ses bateaux jusqu’à nouvel ordre en raison de mouvements de grève des marins qui ont depuis voté la reprise du travail.
En raison de difficultés financières (dette d’environ 70 millions d’euros), la compagnie est revenue sur un certain nombre d’acquis sociaux, ce que les salariés ont accepté, demandant cependant que la direction s’engage à les rétablir lorsque la situation serait assainie. Mais cette dernière refuse.
Créée en 1973, la Brittany Ferries (BAI SA) revendique 2,6 millions de passagers transportés par an. Son capital est détenu majoritairement par la SICA de Saint-Pol-de-Léon (Finistère), à l’origine de sa fondation pour développer les exportations de la zone légumière de la côte nord de la Bretagne. Elle emploie environ 2.500 personnes, exclusivement des marins français.