A l’image de leur géographie, les Iles Salomon sont marquées par une large diversité culturelle, entre les influences papoues, austronésiennes (Asie du sud-est, Taïwan) et polynésiennes.
Les 550.000 habitants de l’archipel, dont une île, Guadalcanal, est tristement célèbre depuis l’affrontement entre le Japon et les Etats-Unis durant la Seconde Guerre mondiale, parlent aujourd’hui 80 langues différentes.
Quelques 200 pièces, certaines jamais montrées en France, sont exposées jusqu’au 1er février. Des oeuvres élégantes, d’une « beauté grave », aux ornements délicats, aux matières raffinées (coquillage, nacre, écailles de tortue).
Les artisans des Salomon parviennent à styliser les objets les plus simples – flotteurs, parures, pagaies, massues. Ils associent bois noirci et incrustations de nacre.
Ce contraste entre le sombre et l’irisé est une manière de parler aux ancêtres et sert de fil conducteur à l’exposition conçue par Magali Léandri, responsable des collections Océanie au Quai Branly.
Sont ainsi présentées une série de figures de proue des grandes pirogues (30 m de long) avec lesquelles les guerriers de l’archipel menaient des raids parfois lointains. Ces expéditions étaient « initiées par les chefs pour ramener des têtes humaines ou des femmes capturées », explique Magali Léandri.
Là où nous admirons le travail délicat d’un pectoral associant écailles de tortue et tridacme (sorte de bivalve géant), les habitants de Salomon voyaient l’insigne d’un chef distingué pour ses actes exceptionnels ou ses raids guerriers.
« Les matières sont le vecteur du pouvoir surnaturel qu’on appelle le +mana+ que l’on acquiert par ses actions remarquables, certains l’ont et d’autres pas », souligne Magali Leandri.
Les massues élancées et finement décorées ne sont pas de vraies armes, mais visent à honorer symboliquement l’auteur d’un meurtre commandité, une pratique fréquente, comme l’est aussi ce « bâton de meurtrier » décoré de pyrites et de carrés de nacre.
Autres objets majeurs de ces sociétés, les monnaies, qui prennent notamment la forme de superbes rouleaux de plumes et de fibres d’hibiscus, et servaient à acheter une pirogue ou une concubine lors d’échanges entre les îles.
Beaucoup de pièces sont logiquement en rapport avec la mer: pagaie en forme de thon ou un étonnant poisson-reliquaire contenant le crâne d’un homme de haut rang.
Les différentes sections de l’exposition sont illustrées par des photographies historiques extraites des collections du musée du Quai Branly.