Après quinze ans de chantier dans l’ancien arsenal, la coque rutilante, peinte de bleu, jaune et rouge vifs, a quitté peu après 19H40, à marée haute, sa cale de construction pour sa première rencontre avec les eaux vives du fleuve.
« Le vent est fort, ce ne sera pas simple pour ceux qui vont effectuer la manoeuvre », avait prévenu Jean-François Fountaine, vice-président de l’association Hermione-La Fayette, à l’origine de ce pari fou : reconstruire à l’identique le trois-mâts sur lequel Gilbert du Motier (1757-1834), marquis de La Fayette, avait embarqué le 21 mars 1780 pour aller annoncer aux indépendantistes américains le soutien officiel de la France.
C’est la manoeuvre du bateau-porte, spécialement construit pour l’occasion et utilisé pour la première fois à Rochefort depuis la Seconde guerre mondiale, qui a été la plus ardue, avant finalement d’ouvrir le passage à la majestueuse coque.
Tirée et poussée par deux remorqueurs, la frégate, sur laquelle avaient pris place danseurs, musiciens et comédiens en costumes du 18e siècle, est sortie sans encombres de l’étroit chenal, sous les applaudissements de la foule rassemblée sur les rives de la Charente et au son des coups de canon, tiré notamment par le ministre des Transports et de l’Economie maritime, Frédéric Cuvillier.
Saluée par trois avions de chasse, l’Hermione avait été auparavant baptisée par une pluie de feuilles de chêne – clin d’oeil au cérémonial des lancements de navires de la Marine royale au 18e siècle – alors que deux enfants, une Française et un Américain, emportés sur des trapèzes déployaient des drapeaux français et américain.
« C’est une double renaissance : celle d’un navire que la France avait oublié et celle d’un arsenal qui avait été détruit en 1944 », s’était réjoui peu avant Benedict Donnelly, le président de l’association.
Après le montage de ses mâts et l’installation du gréement fin 2013, l’Hermione devrait s’entraîner à la navigation sur les côtes charentaises en 2014, avec en ligne de mire la traversée jusqu’à Boston en 2015.