« La doctrine du gouvernement est d’affirmer le principe ferme d’interdiction de l’épandange aérien de produits phytosanitaires », a affirmé en préambule M. Lurel. « Un bilan des dérogations à l’interdiction sera établi d’ici la fin de l’année et l’arrêté du 31 mars 2011 – pris avant nous – encadrant les conditions de dérogation sera révisé en conséquence », a-t-il ajouté.
La question de l’épandage aérien de fongicide sur les bananeraies des Antilles avait été évoquée par des membres de la commission, lors d’une table ronde sur « la politique de développement durable en outre-mer ».
Deux arrêtés préfectoraux permettant l’épandange aérien pour lutter contre la cercosporiose noire, un champignon qui peut tuer les bananiers, ont été suspendus par les tribunaux administratifs de Basse-Terre (Guadeloupe) et Fort-de-France (Martinique) début octobre.
Le ministère de l’Agriculture, après un arbitrage interministériel, a fait appel de ces deux décisions, qui visaient surtout l’utilisation d’un certain adjuvant (banole). Un nouvel arrêté préfectoral a déjà été pris mardi en Guadeloupe, autorisant la reprise de l’épandage mais sans banole.
« Dès que nous pourrons sortir de l’épandage aérien, nous le ferons », a assuré M. Lurel. « On entend le principe de précaution. Le principe est aussi de préserver l’emploi de personnes vivant de cette activités », assume le ministre.
« Compte tenu des enjeux et de ce qui s’est passé à Saint-Lucie où en 9 mois la banane d’exportation a disparu (en raison de la cercosporiose), peut-on assumer, en période d’explosion de chômage, ce risque-là? » a demandé l’ancien président du conseil régional de Guadeloupe.
La banane représente 10.000 emplois dont 6.000 directs aux Antilles. Le secteur compte environ 600 exploitations, dont les deux tiers en Martinique.
« Je n’oublie pas le précédent du chlordécone (pesticide toxique utilisé aux Antilles dans les plantations de bananes de 1972 à 1993, NDLR) je ne me sens pas l’âme d’un empoisonneur. Si nous avions la moindre étude prouvant la moindre toxicité, nous aurions interdit en assumant les conséquences économiques et sociales », a-t-il affirmé.
Il a également rappelé que l’épandage aérien concernait aussi « 100.000 hectares de maïs et de vignes en Hexagone, et le riz en Guyane ».