Le CORICAN
Réduire l’impact de la flotte mondiale sur l’environnement
Par Patrick BOISSIER, Président du Groupement des industries de construction et activités navales (GICAN) – Vice-président du CORICAN.
Le Conseil d’orientation de la recherche et de l’innovation pour la construction et les activités navales (CORICAN), est chargé de définir et de coordonner les priorités stratégiques de la R&D pour les industries maritimes françaises. Il met en œuvre cette prérogative dans les domaines de la compétitivité industrielle, des activités en mer telles que les énergies marines renouvelables ou la robotique sous-marine profonde et surtout des « navires du futur » car bien que les navires soient le mode de transport le plus économe en énergie, ils représentent encore une source de pollution non négligeable.
- feuilles de route thématiques sont déjà rédigées ou en cours de lancement par le CORICAN, sept concernent les navires du futur et toutes, sauf une, ont un lien direct avec l’environnement (1). Chacune de ces feuilles de route définit, pour les années à venir, les budgets et les calendriers de recherche permettant d’atteindre les objectifs fixés qui intègrent notamment des réductions d’impacts sur l’environnement allant au-delà des contraintes déjà actées règlementairement. Le CORICAN informe et veille à la prise en compte de ces besoins par les « guichets » de financements de la R&D, aux niveaux français et européen.
Pour ce qui concerne les navires du futur, plusieurs projets innovants ont été accompagnés par le CORICAN :
- Le chalutier Arpège, conçu et étudié par le Bureau d’architecture naval Mauric annonce un nouveau concept de navire de pêche, plus sûr, plus rentable et plus économe en énergie. Un premier démonstrateur, construit par le chantier naval Socarenam, a été mis à l’eau en septembre dernier à Boulogne-sur-Mer. Il doit permettre de valider le concept et d’acquérir du retour d’expérience pendant six mois d’exploitation en conditions réelles.
- Génésis, projet de navire de croisière de nouvelle génération post Panamax, vise principalement à réduire les émissions atmosphériques des nouveaux paquebots de grandes tailles de moins de 10% de CO2 et de moins de 97% de SOX (oxydes de souffre).
- Navalis, projet de navire de soutien logistique pour l’éolien offshore, travaille à de nombreuses innovations comme une carène catamaran adaptée, l’intégration d’une propulsion GNL, d’un système de suivi de soutage et de consommation de GNL (éco-pilot), d’un système de stockage de l’énergie thermique et de systèmes de réduction des nuisances sonores…
- Windkeeper a pour but de développer un navire démonstrateur économe et éco-conçu, destiné au soutien et à la maintenance des champs éoliens offshore. Porté par le chantier CNIM, le projet est co-labellisé par les Pôles mer Bretagne Atlantique et Méditerranée.
- Le projet Vista, enfin, vise à développer un navire de croisière de nouvelle génération, plus sûr mais aussi plus économe énergétiquement et plus respectueux de l’environnement. Il prévoit une réduction de la consommation énergétique par passager de 35 % par rapport aux meilleurs navires de sa catégorie grâce à de nouvelles formes d’étrave et de bulbe, à des allègements et à la réduction de la trainée aérodynamique ; Il prévoit également une anticipation et un dépassement des normes environnementales intégrant notamment 90% de réduction des émissions atmosphériques de SOX.
Ces projets illustrent la mission du CORICAN qui est de définir conjointement – Etat et acteurs de la construction navale – une stratégie de recherche et d’innovation pour le « navire du futur », navire propre, économe, sûr et intelligent, et d’atteindre des objectifs extrêmement ambitieux à terme.
(1) Il s’agit des feuilles : « Propulsion-GNL » ; « Navire respectueux de l’environnement » intégrant le traitement de toutes les sortes de rejets et la récupération d’énergie à bord ; « Gestion de l’énergie électrique à bord » ; « Sécurité passive embarquée » intégrant les solutions permettant de faire face aux pollutions ; « Propulsion vélique » et « navire de pêche du futur ».
En savoir + : www.gican.asso.fr
Eco-Tank
Préserver l’environnement portuaire
L’entreprise Azure Trend, créée en 2011, a développé un concept de barges multifonctions destinées à préserver la qualité des eaux des ports et des zones de mouillage. Baptisées Eco tank, ces embarcations capables de pomper 300 litres d’eau par minute pour une contenance allant jusqu’à 4 m3, récupèrent les eaux grises (douches, éviers, machines à laver la vaisselle et le linge), les eaux noires (WCs), les eaux de cales, les huiles et les hydrocarbures des bateaux de plaisance. Elles sont également équipées pour récupérer les macro-déchets. Azure Trend assure aussi le nettoyage et la désinfection des réservoirs, des moteurs et des cales. Toutes les eaux usées ainsi que les déchets sont envoyés vers des filières de traitement. La société, en plein développement, dispose de bateaux dans les principaux ports de la Côte d’Azur pour un service assuré tout au long de l’année.
En savoir + : www.ecotank.fr
HydrOcean
La simulation numérique au service de l’environnement
Créé en 2007, la société HydrOcean, filiale depuis 2015 du groupe Bureau Veritas, est spécialisée dans la simulation numérique en hydrodynamique pour l’industrie navale, l’offshore, le nautisme et les énergies marines. Les architectes navals ayant de plus en plus recours à la simulation numérique pour les aider à concevoir des voiliers ou des yachts à moteur performants et économes, HydrOcean a notamment travaillé avec eux à l’optimisation des formes de carènes afin de réduire la consommation de carburant, et donc les émissions de gaz à effet de serre, de ces navires. HydrOcean propose également, en relation avec l’École Centrale de Nantes, des services pour évaluer et optimiser les systèmes liés à l’énergie des vagues et des courants marins. Les principaux clients d’HydrOcean sont des sociétés d’ingénierie, des chantiers de construction navale et offshore, des architectes, des projets indépendants… (Source : HydrOcean).
En savoir + : www.hydrocean.fr / www.bureauveritas.fr
Concarneau
Le choix d’un service de bac à propulsion électrique
Par Nicolas Bernard – Responsable du Service développement durable / Agenda 21
La Ville de Concarneau (Finistère) accueille, dit-on, la plus petite croisière du monde, le temps de traverser le chenal de l’arrière port. Avec 300 000 passagers transportés chaque année, le bac est un service historique très apprécié des concarnois et des touristes. En 2013, la ville a saisi l’opportunité du remplacement d’un navire devenu vétuste et énergivore pour s’orienter vers un mode de locomotion innovant, écologique et confortable : un catamaran à propulsion électrique de 10,05 mètres de long, 3,50 mètres de large pouvant transporter 30 personnes. Ce bateau permet une réduction drastique des émissions de CO2 grâce aux pods à hélices placés sous les deux coques. Alimenté par des batteries d’une autonomie d’une dizaine d’heures – l’amplitude d’une journée de service – il est économe (consommation de 32 KWH), silencieux, et d’une maintenance facilitée. Il valorise enfin des acteurs économiques locaux engagés, puisque ses superstructures ont été réalisées en matériaux composites biosourcés par une entreprise concarnoise.
En savoir + : www.concarneau.fr
Kaïros
Développer les matériaux biosourcés
Par Roland Jourdain *
Fabriqué à partir de fibre de lin, de liège, de balsa et d’une résine polyester 22% biosourcée, le Gwalaz navigue depuis juin 2013. Il est le fruit de la collaboration entre le chantier naval Tricat et notre bureau d’études Kaïros. Ce bateau 100% en fibres végétales, présente des performances similaires à son homologue en fibre de verre le Tricat 23,5. Kaïros est un bureau d’étude sur les matériaux biosourcés. Il développe des biocomposites haute performance pour tous les secteurs de l’industrie et adaptés aux besoins de leurs clients. L’usage des fibres naturelles et des résines partiellement ou totalement biosourcés minimise significativement l’impact environnemental des composites offrants des solutions recyclables ou biodégradable en fin de vie. L’IFREMER à Brest et le laboratoire d’Ingénierie des matériaux de Bretagne de l’Université de Bretagne-Sud à Lorient (LimatB) contribuent grandement à la caractérisation des matériaux développés par Kaïros. Les essais de vieillissement en laboratoire et en situation réelle démontrent leur viabilité et résistance mécanique dans le temps.
En savoir + : www.kairos-jourdain.com
Contact : Erwan Grossmann : biocomposite@kairos-jourdain.com
* Roland Jourdain sillonne les océans depuis l’âge de 19 ans. Double vainqueur de la Route du Rhum, « Bilou » est un homme de conviction convaincu « qu’il faut construire un nouveau modèle, un nouveau monde où l’homme et la nature ont toute leur place ». Il a créé en 2008 le bureau d’étude Kaïros dédié aux matériaux et composites biosourcés et en 2013 le fond de dotation Explore qui soutient des projets réconciliant innovation technologique et développement durable.
EPNaval
Réduire l’impact écologique du bateau et de la vie à bord
Par Eric Prang *
EPNaval dessine et teste des concepts techniques écologiques et innovants appliqués à la philosophie du grand voyage maritime. Son premier prototype est amerX40, un voilier hauturier à foils dont la propulsion électrique réversible fonctionne en hydrogénération (1) et en fait l’un des bateaux actuellement les moins polluants. Cette plateforme est utilisée par EPNaval pour tester de nouveaux concepts visant tous à une réduction de l’impact écologique du bateau et de la vie à bord : pneumatique, keel cooling(2), hydraulique à l’eau, gestion automatisée par la domotique des réseaux électriques, système antifouling différents … Contrairement à un navire à propulsion thermique, le cycle de vie d’un voilier, étudié dans une vision d’écoconception, est essentiellement conditionné par les matériaux. C’est pourquoi EPNaval travaille l’aluminium, le liège, les processus de montage et de déconstruction afin de rendre économiquement récupérables les matériaux pour le recyclage en fin de vie.
(11) Hydrogénération : recharge des batteries quand le bateau marche à la voile.
(12) Keel cooling : échange thermique avec la mer, sans échange de fluide, par conduction.
En savoir + : www.epnaval.com
* Eric Prang a créé EPNaval – labélisée Jeune entreprise innovante -, en 2014 pour mener à bien la conception et la construction du voilier AmerX40.
Multiplast
L’enjeu des fibres naturelles
Par Guillaume Kemlin – Responsable Recherche et développement
Notre chantier a toujours été en quête d’innovations technologiques pour rendre ses bateaux plus rapides (1). Aujourd’hui nous nous intéressons aussi aux possibilités offertes par les fibres naturelles, et visons des applications qui vont au-delà du nautisme (architecture, ameublement, industrie). Nous collaborons en effet avec l’Université de Bretagne Sud, à Lorient, pour la réalisation de coques de dériveurs en fibres de lin. Le défi principal ne concerne pas que les fibres mais aussi les résines, que nous souhaitons recyclables. De nombreux produits apparaissent chaque année sur le marché. Beaucoup sont intéressants pour nous mais la plupart demandent un gros travail d’élaboration du procédé de mise en œuvre afin d’obtenir les meilleurs caractéristiques. Certaines de ces matières permettent d’améliorer les résultats de l’analyse du cycle de vie (2) de la pièce, et d’autoriser le recyclage. Les perspectives commerciales concernent divers secteurs, allant de l’architecture au transport en passant par l’ameublement et le nautisme.
(1) Multiplast est spécialisé depuis bientôt 35 ans dans la conception et la fabrication de grandes pièces en composites (radars, radômes, moules et pièces pour l’aéronautique, multicoques de compétition, bateaux de Coupe de l’America…). Ce savoir-faire trouve son origine dans la course au large, avec le record du tour du monde en équipage détenu plusieurs fois par des bateaux fabriqués par le chantier.: g.kemlin@multiplast.eu
(2) L’ACV mesure les ressources nécessaires pour fabriquer un produit ou donner accès à un service, et les impacts potentiels de sa fabrication sur l’environnement: www.actu-environnement.com)
En savoir + : www.multiplast.eu
TOWT
Le transport marchand à la voile
Fondée en 2011 par Guillaume Le Grand et Diane Mesa, TransOceanic Wind Transport (TOWT) est une petite société bretonne de transport de marchandises à la voile, basée à Brest (Finistère). Réponse alternative au réchauffement climatique et au défi énergétique, elle anticipe, dans le domaine du transport maritime, un changement de paradigme énergétique et offre la possibilité à chacun de réduire son bilan carbone en achetant des produits locaux ou de provenance lointaine, certifiés «Transporté à la voile®». TOWT affrète des navires à voile français, comme le dundee thonier Biche ou le ketch aurique Arawak, dernier chalutier-thonier d’Etel, ou anglais comme le lougre Grayhound, pour le transport de toutes sortes de marchandises (vin, bière, cidre, eaux de vie, oignons, chocolat des Antilles, thé des Açores, laine, conserves de poisson, confitures…), le long des côtes de Bretagne mais aussi entre la Bretagne, la Cornouaille et le Devon, et même jusqu’à Copenhague, au Danemark, transportés par la goélette de 32 mètres Tres Hombres. L’objectif de TOWT est de multiplier les transports de marchandises à la voile en anticipant la transition énergétique, de prouver leur viabilité et de développer un label de transport maritime propre, afin de permettre la construction de cargos modernes à voiles à court terme. L’entreprise s’est engagée en 2015 dans la construction d’un voilier-cargo d’une soixantaine de mètres, projet retenu par l’ADEME, dans le cadre du Programme d’investissements d’avenir, pour soutenir l’innovation dans le domaine des transports. En utilisant la force du vent pour dessiner les contours d’une logistique maritime sobre en carbone, TOWT – Transport à la voile veut offrir des perspectives de développement économique et d’innovation, à l’échelle régionale comme internationale, dans le contexte global de transition énergétique du secteur maritime et de la COP 21.
En savoir + : www.towt.eu / www.ademe.fr
Le port de Dunkerque
Acteur de l’économie circulaire
Par Stéphane Raison – Président du Directoire du Grand port maritime de Dunkerque
S’appuyant sur son développement industriel, le territoire dunkerquois est pionnier de l’économie circulaire en France depuis plus de quinze ans. Le port de Dunkerque est partenaire de ce développement et expérimente, depuis plusieurs années, la valorisation de ses sédiments de dragage, après assèchement dans une station de transit, afin de limiter les apports en matériaux de carrières, gourmands en énergie. Le port de Dunkerque valorise ainsi des sédiments non-immergeables, au travers de programmes d’expérimentations, en structure de chaussée, dans les bétons, en buttes paysagères. Il expérimente aujourd’hui la fabrication de granulats pour le BTP et teste également des solutions associant ses sédiments à des laitiers d’aciérie (1). Suite à ces expérimentations, il souhaite maintenant développer l’utilisation de ces matériaux de façon plus opérationnelle dans ses ouvrages portuaires.
(1) matières minérales artificielles produites par l’industrie de l’acier (source www.techniques-ingénieurs.fr)
Sabella D10
Première hydrolienne française opérationnelle
Sabella D10, développée par la société bretonne Sabella, est la première hydrolienne raccordée au réseau national d’électricité. Elle a été immergée par 55 mètres de fond, le 25 juin 2015, dans le passage du Fromveur, entre l’archipel de Molène et l’île d’Ouessant en mer d’Iroise, et a été raccordée par un câble de 2 kilomètres au réseau électrique de l’île Ouessant, le 21 septembre 2015. Haute de 17 mètres pour 450 tonnes, dotée d’un rotor de 10 mètres de diamètre (D10), pour une puissance de 1 MW, elle ne produira toutefois que 250 kilowatts la première année. Elle doit assurer entre 10 et 15 % des besoins des habitants de l’île, 900 pendant l’année, jusqu’à 4000 en période estivale. Positionnée au cœur du Parc marin d’Iroise, l’hydrolienne est équipée de capteurs permettant d’étudier le comportement des espèces environnantes. Sabella prévoit l’immersion, à l’horizon 2019, toujours dans le puissant courant du Fromveur, de deux ou trois autres machines, plus puissantes et d’un diamètre de 15 mètres (D15), dans le cadre d’une ferme pilote destinée à couvrir entre 50 et 70% des besoins en électricité des Ouessantins. L’hydrolienne a injecté, le 6 novembre dernier, ses premiers kilowatts dans le réseau. « C’est la première étape avant de décarboner l’énergie à Ouessant », s’est réjoui le maire de l’île, Denis Palluel. Sabella a signé, en octobre 2015, un premier protocole d’entente à l’étranger, avec une société philippine, pour l’installation, d’ici 2018, d’une ferme pilote dans l’archipel.
En savoir + : www.sabella.fr
NEMO
Centrale pilote d’énergie thermique des mers à la Martinique
Par Jean Ballandras – Secrétaire général du groupe Akuo Energy, en charge de la stratégie de développement en milieux insulaires et sur les énergies marines.
NEMO, New Energy for Martinique and Overseas, a été développé en 2012, par le consortium français Akuo Energy (premier producteur français indépendant d’énergies renouvelables) et DCNS (leader dans le naval de défense et développeur d’énergies marines). NEMO est localisé en Martinique, à 5,3 km des côtes de la commune de Bellefontaine. Lauréate du programme européen NER300 en juillet 2014, cette innovation mondiale en territoires ultramarins s’appuie sur une technologie produisant de l’énergie grâce à la différence de températures entre les eaux de surface et celles des profondeurs. Cette centrale flottante ETM (Energie thermique des mers) permet ainsi de produire de l’électricité décarbonnée et sans aucune intermittence, pour une puissance nette de 10.7 MW. Soutenu sur le plan local et national, NEMO est par ailleurs candidat pour un financement au titre du Plan Juncker (1). Sa mise en place – intégration des systèmes, ancrages, raccordements puis tests et essais -, interviendra en 2019 pour une mise en service à l’été 2020 et la couverture des besoins électriques de 35.000 personnes.
(1) lancé en 2015, il est destiné à relancer la croissance en Europe via 315 milliards d’euros d’investissements sur trois
Les microcentrales hydroélectriques de l’agglomération cannoise
Dans les Alpes Maritimes, le SICASIL – Syndicat intercommunal en charge de la gestion de l’eau potable sur Cannes et son agglomération (huit communes) -, a fait de ses faiblesses un atout. Situé sur un territoire enclavé entre mer et montagne et en fin de réseau électrique, ce qui rendait difficile l’acheminement du courant, il a entrepris de répondre à ses propres besoins en installant sur son réseau des microcentrales hydroélectriques (3400 W/an) et sur ses bâtiments des panneaux voltaïques (400 MW/an). L’ensemble lui permet désormais de produire les 2/3 de ses besoins en électricité. Les microcentrales hydroélectriques sont alimentées par deux canaux, La Siagne et Le Loup, situés dans les hauteurs de l’arrière-pays. Avec un retour sur investissement réduit à 7 ans grâce aux subventions de la Région et de l’Etat, l ‘installation est considérée comme économiquement viable et écologiquement bénéfique.
En savoir + : www.cannes.com
Laboratoires de Biarritz
Des produits cosmétiques respectueux de l’environnement
Laboratoires de Biarritz, créés en 2010 par Muriel et Jean-Marc Dubois, développent des produits cosmétiques bios de nouvelle génération issus de produits marins de la côte basque notamment d’algues non rares et non menacées comme l’algue rouge, dite de Saint Jean de Luz, aux vertus ancestrales. L’algue rouge se détache naturellement des fonds marins une ou deux fois par an pour s’échouer sur les plages où elle peut être ramassée. « Nous sommes dans une démarche de valorisation des produits de la mer, explique Jean-Marc Dubois, mais sans avoir à se poser les questions de l’aquaculture, car l’algue se renouvelle de manière perpétuelle sans que l’on ait besoin d’aller la prélever sur les fonds marins ». Les Laboratoires de Biarritz ont ainsi développé des produits solaires et des produits de soin, d’origine entièrement naturelle et respectueux de l’environnement, aujourd’hui distribués en pharmacie, parapharmacie et magasins bio, en France et dans une quinzaine de pays.
Plankton Planet
Océanographie 2.0 à la voile et citoyenne, à la mesure des océans !
Par Colomban de Vargas – Directeur de recherche au CNRS à la Station Biologique de Roscoff
Dans chaque litre d’eau de mer vivent entre 10 et 100 milliards d’organismes -le plancton-, le plus grand réseau de Vie planétaire qui produit la moitié de notre oxygène et régule le climat. Pour enfin comprendre la richesse et surtout l’évolution (migration, adaptation, extinction, ..) de ce monde invisible, nous lançons Plankton Planet, le premier programme d’océanographie biologique citoyenne qui fait un lien entre les milliers de citoyens parcourant à la voile les océans mondiaux et des chercheurs en écologie qui décryptent la biodiversité planctonique grâce au séquençage en masse de code-barres ADN. Entre ces deux communautés d’explorateurs : un petit kit d’échantillonnage ultra-simple (un filet, une pompe à vide, une poêle et un planto-scope) pour prélever et observer le plancton en toutes saisons et dans tous les océans.
Pour devenir un planctonaute : www.planktonplanet.org
Le Projet Diomedes
Collecter des données océanographiques
Par Robin Cristofari – Biologiste, spécialisé en écologie marine et en génomique.
robin.cristofari@iphc.cnrs.fr / +33 (0)6 07 35 07 13
Nous connaissons à peine nos Océans. Les données océanographiques sont difficiles à obtenir. Face aux changements climatiques, nous n’avons plus le temps d’attendre ! Nous avancerons rapidement quand tous les marins – cargos ou voyageurs – participeront à la découverte. C’est pour cela que nous équipons aujourd’hui La Sonate, goélette en acier de 15,6 mètres. Elle partira de Marseille, début 2016, pour un tour du monde de 12 à 24 mois, à l’occasion duquel nous développerons des méthodes océanographiques simples et accessibles à tous (1), tout en nous dédiant à la sensibilisation et à l’éducation. Notre équipe réunit des chercheurs et des marins soutenus par le NIVA (en Norvège), l’AWI (en Allemagne), le CNRS (en France), et le 5-Gyres Institute (aux USA). Nous sommes encore à la recherche de sponsors enthousiastes pour compléter notre équipement avant de nous lancer dans cette passionnante aventure scientifique !
(1) Par la mise au point d’enregistreurs de contaminants chimiques (pesticides, imperméabilisants, etc) et physiques (micro-fragments de plastique), d’abondance des mammifères marins (avec des hydrophones), et de plancton (par la bioluminescence), absolument autonomes et demandant le moins d’intervention possible de la part des navigateurs.
Le Projet Diomedes recherche ses derniers sponsors. Soutenez-le !
Entretien avec Gérard Romiti *
Président du Comité national des pêches maritimes et des élevages marins
« Depuis quelques années, les pêcheurs ont réduit leur impact environnemental»
Comment abordez-vous et qu’attendez-vous de la COP21 ?
Nous l’abordons avec une certaine inquiétude. En effet, si les pêcheurs ont été les premiers, en tant que sentinelles de la mer, à annoncer, depuis au moins quinze ans, que des modifications importantes commençaient à se produire en mer, ils ne souhaitent pas pour autant que la pêche devienne la variable d’ajustement des bonnes consciences environnementales de certaines ONG ou pire de représentants de fondations américaines qui font du prosélytisme. En effet, la création de grande aires maritimes protégées interdites à toutes activités de pêche serait la panacée. Nous souhaiterions au contraire que la mer soit un enjeu dans sa globalité et que l’une des conditions de son bon état écologique soit la limitation de toutes les pollutions telluriques : produits chimiques (PCB en autres) ou macro-déchets.
Quelles sont les innovations, les initiatives du secteur de la pêche pour limiter l’impact de son activité sur les océans et sur le climat ?
Depuis quelques années, les pêcheurs ont réduit leurs impact en adaptant leurs engins de pêche via une meilleure sélectivité de ces derniers et surtout pour minimiser, en ce qui concerne l’usage des chaluts, l’impact sur les habitats. Le Comité national des pêches maritimes et des élevages marins (CNPMEM) et France filière pêche (FFP) accompagnent depuis quelques années des programmes de recherche en ce sens. Ainsi récemment, a été mené à bien le projet technique d’un panneau de chalut à effet planant (Jumper) afin que le contact avec le fond soit moindre, tout en gardant son efficacité. Les moteurs marins depuis quelques années sont également moins énergétivores et tous les travaux sur le navire du futur concourent à baisser la dépense énergétique par des meilleurs profils de carène et l’usage de matériaux composites.
Dans un récent rapport, le WWF évoque « une course au poisson qui pourrait bien se terminer par l’épuisement d’une source alimentaire vitale pour les individus et par la disparition d’un moteur économique majeur ». Qu’en pensez-vous ? Travaillez-vous avec les ONG environnementales sur ces sujets ?
WWF comme d’autres ONG font dans le catastrophisme pour soulever des collectes de fonds auprès du grand public. Il convient de rappeler que le bilan global de WWF ne permet pas encore une fois de valoriser les efforts consentis par les pêcheurs européens depuis de nombreuses années. Ces efforts se vérifient par l’analyse de l’état des stocks, en net amélioration, et par un nombre de stocks au rendement maximal durable (RMD) toujours croissant. WWF nous avait annoncé, il y a quelques années, l’extinction du thon rouge. Il n’en a rien été. Nous travaillons effectivement avec des ONG intelligentes qui nous accompagnent pour une pêche responsable et un développement durable. La mission du pêcheur est bien d’extraire une partie de la biodiversité pour la transformer en nourriture.
* Gérard Romiti est Président du Comité national des pêches maritimes et des élevages marins (CNPMEM) depuis le 18 avril 2012 et président réélu du CRPMEM de Corse. Aujourd’hui retraité, Il a été pêcheur d’un chalutier de 18 mètres spécialisé dans la pêche de la langoustine.