Quelque 16 passages par vedette ou voiliers avaient été recensés par les enquêteurs, entre janvier 2012 et janvier 2013, permettant à au moins 127 Albanais de rejoindre l’Angleterre depuis des ports bretons ou normands, avait révélé l’enquête de la Juridiction interrégionale spécialisée (Jirs) de Rennes.
Ce procès est celui « de l’exploitation de la misère humaine », alors que des « gens ont l’espoir de quitter leur pays pour trouver en Grande-Bretagne leur eldorado », et dans ce but sont prêts à payer « des sommes colossale », a souligné la procureure de la République, Anne Fourmel, évoquant des sommes de 6.000 euros, et jusqu’à 20.000 euros pour une famille.
Elle a requis la peine la plus lourde à l’encontre d’un ressortissant albanais, Edmond Rapi, dont elle a souligné « le rôle majeur dans l’implantation en Bretagne de cette organisation criminelle ». M. Rapi n’ayant pas été interpellé, elle a demandé la délivrance d’un mandat d’arrêt.
Elle a requis la même peine -sept ans de prison ferme et 150.000 euros d’amende- à l’encontre d’un homme qui se fait appeler Bujar Curri, né au Kosovo, et Philippe Collin, né à Paimpol (Côtes-d’Armor), « impliqués dans l’ensemble des voyages » et dont le rôle, sur le territoire français, « est indissociable ».
Philippe Collin a lui « refusé de reconnaître avoir tiré profit » de ce trafic, a noté la procureure qui a demandé à son encontre, outre la peine de prison et l’amende, la « confiscation de son patrimoine ».
Une peine de cinq ans a été requise contre un Albanais, en fuite.
Enfin, des peines de six mois -pour une tentative de convoyage- à trois ans de prison ferme ont été requises contre les skippers, des jeunes Bretons pour la plupart, en fonction du nombre de convoyages effectués.
La procureure a souhaité que chacun d’eux soit condamné à une amende de 500 euros par passager transporté.
Une femme, soupçonnée par les enquêteurs de faire partie des organisateurs du réseau, s’était suicidée août 2013. Un autre skipper mis en cause dans cette affaire s’est lui aussi suicidé.