A Mayotte, les récentes pluies donnent un petit sursis à la population

Mamoudzou, 23 nov 2023 (AFP) – Les récentes pluies ont donné un léger sursis à Mayotte, qui connaît sa pire de sécheresse depuis 1997, et les niveaux des deux principaux lacs artificiels sont stables par rapport à la semaine précédente, selon des chiffres de la préfecture consultés jeudi par l’AFP.

Alors que l’épuisement des réserves des deux retenues collinaires de Mayotte était prévu « autour du 20 novembre », selon une source proche du dossier, la réserve de Dzoumogné (nord de Mayotte), est remplie à 6,7%, et celle de Combani (centre), à 6,1%, indique un rapport de consommation établi lundi par la préfecture de Mamoudzou.

Les niveaux était de respectivement 5,8% et 6,8% la semaine précédente.

« La semaine du 13 novembre était bonne en termes de pluviométrie, cela explique que le niveau des retenues soit resté stable », souligne Floriane Ben Hassen, responsable de l’antenne Météo France à Mayotte, département de l’océan Indien.

Les prévisions sont moins encourageantes cette semaine. « Les mois d’octobre et de novembre font souvent la transition entre saison sèche et saison des pluies », précise Mme Ben Hassen. La saison humide n’a donc pas encore démarré et le niveau de pluviométrie, en novembre, atteint 60 %, alors qu’il devrait être à cette période de « 70 % environ ».

La situation s’explique d’une part par El Niño dans le Pacifique, qui engendre des températures anormalement élevées dans l’océan, et d’autre part par le dipôle de l’océan Indien, un phénomène d’oscillation irrégulière des températures de surface de la mer. A Mayotte, ces deux phénomènes devraient avoir pour conséquences davantage de précipitations que la normale en décembre, janvier et février.

Or, « la situation que nous sommes en train de vivre va (…) perdurer », prévient Mme Ben Hassen.

Dans ce contexte, l’épuisement des réserves des retenues collinaires, qui sont avec les rivières l’une des principales sources d’approvisionnement en eau du territoire, inquiète.

Lorsqu’elles seront vides, seuls 20.000 m² d’eau seront disponibles chaque jour – issus notamment des rivières dans lesquelles il est encore possible de pomper ou de l’usine de dessalement de Petite-Terre- , et les difficultés d’approvisionnement dans le sud de l’île seront importantes. Aujourd’hui, la consommation quotidienne peine à descendre en dessous de 26.000 m².

Faute d’infrastructures et d’investissements suffisants, les quelque 310.000 habitants de cet archipel vivent au rythme de sévères restrictions d’eau depuis septembre.

Dans ce contexte, les réunions de suivi ont été doublées et ont lieu deux fois par jour. Plusieurs scénarios sont envisagés. De nouveaux travaux pourraient notamment permettre d’envoyer de l’eau du nord vers le sud.

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