Avant même le début de l’opération, Wang Jinglong, gérant d’un magasin dans l’un des plus grands marchés de poisson de Pékin, l’affirmait déjà à l’AFP: le déversement de l’eau de Fukushima dans l’océan Pacifique a eu un « impact majeur » sur son activité, affectant notamment ses ventes de thon.
« Nous avions auparavant du poisson frais du Japon, mais en raison des restrictions à l’importation, nous avons arrêté d’en recevoir depuis deux mois », déclare M. Wang.
Ce dernier a montré à l’AFP des produits japonais, congelés, qu’il ne pourra pas réapprovisionner une fois les ventes écoulées en raison des récentes restrictions chinoises.
« Il y un grand écart dans le volume de nos ventes par rapport à avant. Auparavant, comme pendant la pandémie, nous devions tuer entre trois et cinq thons par semaine », explique-t-il. « Aujourd’hui, nous tuons très peu de poissons, et ils ne viennent pas du Japon, mais d’Australie, de Nouvelle-Zélande et d’Espagne ».
Selon cet homme, âgé de 53 ans, la qualité de ces produits est « médiocre, et n’est pas comparable à celle du Japon ».
Mais face au scepticisme d’une grande partie des consommateurs à l’égard des produits japonais, M. Wang n’a d’autre choix que de s’approvisionner ailleurs. « Cette question de la pollution est suivie de très près », estime-t-il.
Le projet de Tokyo a pourtant obtenu le feu vert, en juillet, de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), qui supervise l’opération et juge qu’elle aura un impact radiologique « négligeable sur la population et l’environnement ».
Un consensus se dessine aussi parmi les experts qui estiment que le déversement de l’eau de la centrale nucléaire accidentée de Fukushima est sans danger.
Dans la foulée du début de l’opération, Pékin a cependant dénoncé une action « égoïste et irresponsable » de Tokyo et a suspendu toutes ses importations de produits de la mer japonais, en invoquant « la sécurité alimentaire ».
Sur le marché de Pékin, les poissonniers estiment déjà que cette opération a eu un lourd impact sur leur filière. Beaucoup d’entre eux ont arrêté récemment de vendre des produits de la mer japonais.
« Le plan de rejet de l’eau génère des problèmes pour le Japon et tous les autres pays », estime Huang Xiaohao, dirigeant d’un magasin de produits importés. « Si vous regardez ce que nous vendons, vous réaliserez que la plupart de nos produits sont en fait des produits locaux », ajoute-t-il.
D’autres estiment que l’impact se fait déjà sentir en raison des restrictions à l’importation certes, mais aussi des craintes des consommateurs, qui redoutent des conséquences sur leur santé.