Cet accord devait être annoncé mercredi soir par le président Emmanuel Macron et le chef du gouvernement italien Paolo Gentiloni réunis à Lyon.
Il est conclu au lendemain d’une autre grande alliance controversée entre groupes européens, celle d’Alstom, fleuron du ferroviaire français, avec l’Allemand Siemens.
« Nous avons trouvé un accord équilibré entre les deux partenaires: il donne le contrôle opérationnel à Fincancieri et la préservation des Chantiers de l’Atlantique sur le long terme pour la France », s’est félicité l’Elysée.
Il donne par ailleurs le coup d’envoi d’une étude de faisabilité sur un rapprochement franco-italien dans l’industrie navale de défense.
Dans les faits, Fincantieri obtient 50% des chantiers navals de Saint-Nazaire (Loire-Atlantique) auxquels il faut ajouter 1% « prêté » par l’Etat français, qui se réserve le droit de le reprendre si l’Italien ne respecte pas ses engagements pendant une période de douze ans.
« L’accord est équilibré et meilleur que le précédent », ont indiqué à l’AFP des sources proches des ministères de l’Economie et du Développement économique italiens.
Selon ces sources, « Fincantieri aura la disponibilité directe de 51% du capital et donc le plein contrôle de la gouvernance, ce qui n’était pas le cas dans la configuration précédente », décidée sous la présidence de François Hollande qui prévoyait Fincantieri à 48% épaulée par la fondation bancaire Fondazione CR Trieste à hauteur de 5%.
Ces engagements, qui avaient été négociés au printemps dernier, portent notamment sur le maintien des emplois, de la charge de travail, notamment des sous-traitants, des activités de recherche de STX.
Le site de Saint-Nazaire, qui construit des paquebots de croisières, mais aussi des navires militaires, emploie 2.600 salariés et fait travailler environ 5.000 personnes, via des sous-traitants.
Paris est confiant: « industriellement, les deux groupes sont complémentaires. Ils ne fabriquent pas le même genre de bateaux. Et St Nazaire peut profiter de la tendance d’augmentation de la taille des navires ».
– Alliance dans la défense ? –
En parallèle, dans le domaine de la défense navale, un groupe de travail va se pencher d’ici à l’été 2018 sur un rapprochement entre Fincantieri et Naval Group, l’ex DCNS, géant français de la construction navale militaire, selon ces sources.
« Nous voulons étudier ce rapprochement car il y a un intérêt industriel. Ce serait une erreur de ne pas regarder », explique-t-on à l’Elysée. « Mais c’est un dossier très complexe car il y a des questions de souveraineté et il implique d’autres acteurs », notamment les équipementiers français Thales et italien Leonardo. Dans la défense, Naval Group est beaucoup plus gros que Fincantieri, fait-on également remarquer.
Les deux groupes ont déjà collaboré dans les programmes de frégate Fremm et Horizon.
Le feuilleton STX commence en 2016 lorsque les chantiers navals STX France, alors seule unité rentable du groupe sud-coréen en difficulté STX Shipbuilding sont mis en vente à l’occasion d’un redressement judiciaire.
Fincantieri, constructeur contrôlé par l’Etat italien et seul candidat à la reprise, obtient le feu vert du gouvernement de François Hollande. Selon l’accord négocié, les Italiens détiendront 55% des parts de STX France contre 45% pour les Français. Le 19 mai, Fincantieri signe un accord pour la reprise des 66,6% détenus par STX Shipbuilding pour un montant de 79,5 millions d’euros.
Mais fraîchement élu à l’Elysée, Emmanuel Macron demande de revoir la participation française à la hausse, visant une répartition à 50/50%. Une proposition rejetée par Rome, les Italiens insistant pour détenir au moins 51% du capital et le contrôle du conseil d’administration.
La crise éclate réellement avec la nationalisation « temporaire » fin juillet de STX France par Paris, une décision rarissime destinée à « négocier dans les meilleures conditions », après l’échec des discussions. Les deux pays s’étaient alors fixé l’échéance du 27 septembre pour sortir de la crise.
Les gouvernements français et italien ont un autre dossier épineux sur les bras: l’avenir de la ligne de train à grande vitesse Lyon-Turin, financée par l’Union européenne, l’Italie et la France, sur laquelle Paris a indiqué en juillet vouloir faire une pause.
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