Cette adoption à une majorité des deux-tiers par les députés doit permettre de remplir la promesse faite par le chancelier social-démocrate Olaf Scholz fin février après le déclenchement de l’invasion russe en Ukraine: réarmer le pays au cours des prochaines années et moderniser la Bundeswehr, dont les équipements sont vétustes.
Le Bundesrat, la Chambre haute du Parlement, devra encore valider la décision.
Pour la première économie européenne, il s’agit d’assurer la défense de son territoire et de remplir ses engagements envers l’Alliance atlantique, en atteignant l’objectif de consacrer 2% du PIB national par an à la défense.
« C’est le moment où l’Allemagne dit: nous sommes là, quand l’Europe a besoin de nous », a lancé la cheffe de la Diplomatie, l’écologiste Annalena Baerbock, devant les députés.
La part du lion, soit 40,9 milliards, reviendra à l’armée de l’air, avec l’acquisition de 35 avions de chasse américains de type F-35, des Eurofighter ECR de reconnaissance, et 60 hélicoptères lourds CH-47F Chinook de Boeing.
Près de 20 milliards seront investis dans la marine, avec de nouvelles corvettes lance-missiles, des frégates et un sous-marin 212 CD.
Plus de 16 milliards renforceront l’armée de terre avec des chars d’assaut Marder et de transport de troupe Fuchs.
Le reste sera dédié à la modernisation des réseaux de communication, au développement du numérique, à la recherche et à l’équipement des troupes.
« L’Allemagne disposera bientôt en Europe de la plus grande armée conventionnelle dans le cadre de l’Otan », avait récemment assuré Olaf Scholz.
Le fonds exceptionnel est financé par de la dette supplémentaire. Pour cela, il a fallu contourner les règles inscrites dans la constitution nationale, appelées « frein à l’endettement », qui limitent strictement les possibilités de déficit budgétaire.
C’est pourquoi le gouvernement de coalition entre sociaux-démocrates, écologistes et libéraux a eu besoin de l’appui de la principale force d’opposition, les conservateurs CDU/CSU.
Depuis la fin de la Guerre froide, l’Allemagne a délaissé son armée et nettement réduit ses effectifs, passés de 500.000 personnes à tout juste 200.000 aujourd’hui.
Mais l’invasion de l’Ukraine a agi comme un électrochoc dans un pays pétri de pacifisme depuis les horreurs nazies.
La Russie a accusé l’Allemagne vendredi de « remilitarisation » et d’utiliser un langage qui évoque son passé nazi. « Nous prenons cela comme une nouvelle confirmation que Berlin est sur la voie d’une nouvelle remilitarisation. On sait bien comment ça peut se finir », a déclaré la porte-parole du ministère russe des Affaires étrangères, Maria Zakharova.