« Aujourd’hui le gouvernement, l’administration, nous dit que la +jurisprudence Balladur+ », selon laquelle un ministre mis en cause par la justice doit démissionner, « n’est plus (…) sauf si la pression est trop forte », s’est désolée Mme Van Beneden, lors d’une conférence de presse à Paris.
« Ca veut dire qu’il y a une espèce de baromètre de l’acceptabilité des atteintes à la probité, qui est à mon sens inacceptable, mais il y a aussi un message que je vous invite à relayer », a ajouté la présidente de l’association anti-corruption à l’attention de la presse, « c’est que peut-être il faut mettre la pression pour obtenir la démission » de ces deux hauts responsables de la macronie.
Lundi matin, la Cour de justice de la République (CJR) a prononcé le renvoi en procès du garde des Sceaux Eric Dupond-Moretti, accusé d’avoir profité de sa fonction pour régler des comptes avec des magistrats auxquels il s’était opposé quand il était avocat.
Quelques heures plus tard, lundi après-midi, a été annoncée la mise en examen le 23 septembre d’Alexis Kohler, secrétaire général de l’Elysée, pour « prise illégale d’intérêts » dans l’enquête sur ses liens avec l’armateur italo-suisse MSC.
L’exécutif a exclu toute démission des deux hommes.
« Il faut protéger le pouvoir politique de ça », a commenté Mme Van Beneden, pour qui ces maintiens en poste sont « incompréhensibles ». Pour cette avocate de profession, « c’est au supérieur d’Eric Dupond-Moretti et d’Alexis Kohler de tirer les conséquences du discrédit qui s’attache à ces mises en examen et à ce renvoi devant la CJR, qui n’entache pas que la réputation de ces deux hommes extrêmement puissants ».
Pour Me Jean-Baptiste Soufron, avocat d’Anticor dans le dossier Kohler, ce dernier « se voit reprocher aujourd’hui l’infraction la plus grave qu’on puisse reprocher à un fonctionnaire dans le cadre de ses fonctions ».
« Il est le numéro un de l’administration française : sera-t-il en mesure de faire correctement son travail ? », a interrogé ce conseil.
Me Jérôme Karsenti, qui défend Anticor dans le dossier Dupond-Moretti, a refusé que ce dossier soit présenté comme « une querelle de magistrats », rappelant que la plainte d’Anticor était antérieure à la plainte des deux principaux syndicats de magistrats dans ce dossier.
L’avocat s’est inquiété d’une « accoutumance aux dysfonctionnements de nos politiques ».