Huit marins de la compagnie maritime figuraient d’ailleurs parmi les 29 prévenus qui étaient jugés devant le tribunal correctionnel de Marseille, dont l’ancien secrétaire général adjoint de la CFTC au sein de la société, Camille Abboche, qui a écopé de 7 ans ferme, et contre lequel 9 ans avaient été requis le 23 juin.
Agé de 45 ans et comparaissant détenu, il avait avoué pour la première fois à l’audience avoir fait transporter de la cocaïne à bord des ferries de la compagnie, assurant cependant n’avoir servi que « d’intermédiaire ».
Une peine de 9 ans ferme a été prononcée contre Christophe Anziani (10 ans minimum requis), sous mandat d’arrêt à l’époque et vivant dans la clandestinité, considéré comme le complice de M. Abboche et présenté par le ministère public comme « la figure tutélaire » du réseau. Les deux hommes sont notamment soupçonnés d’avoir eu un projet d’assassinat de deux frères corses dirigeant un trafic concurrent.
Petru-Paulu Miqueli, en récidive légale, important client de ce trafic, dont il aurait alimenté la région de Bastia, a été pour sa part condamné à 8 ans ferme (10 requis).
Une seule relaxe a été prononcée dans ce dossier, de même qu’un mandat de dépôt.
Le tribunal a par ailleurs demandé la confiscation d’une série de biens (véhicules, bateau, restaurants à Marseille, comptes bancaires…) et a jugé « irrecevable » la constitution de partie civile de la SNCM, qui réclamait 500.000 euros de dommages-intérêts pour atteinte à sa « renommée ». Il n’y a pas « de préjudice direct causé par l’infraction », a estimé le tribunal.
« La compagnie regrette que cette demande n’ait pas été reconnue: l’exaspération de tous les collaborateurs de la SNCM de voir l’image de la compagnie salie par ce procès – dont la couverture médiatique a été importante – aurait mérité d’être reconnue. D’autant que, dans le contexte de recherche de repreneurs, cette publicité involontaire est particulièrement désastreuse », a réagi la SNCM dans un communiqué, précisant que les procédures préalables aux licenciement de ses 8 salariés prévenus sont « en cours ».
Cinq de ces huit marins se sont vu infliger des interdictions professionnelles d’exercer de 5 ans.
L’avocat de Camille Abboche, Me Erick Campana, a qualifié de « sévère » la peine de son client, soulignant cependant une « nette amélioration par rapport aux réquisitions » et le fait que le tribunal « a bien pris conscience de son passé et de sa personnalité ». Il s’est également félicité de l’absence d’interdiction professionnelle prononcée.
« J’observe que le tribunal a réduit les condamnations par rapport aux réquisitions. Il semble avoir fait une appréciation objective des éléments soumis », a indiqué de son côté le défenseur de Christophe Anziani, Dominique Mattéi.