Le voilier conçu par l’explorateur français Jean-Louis Étienne a accosté jeudi après-midi au Museu do Amanha (Musée de Demain), écrin futuriste du centre de Rio qui donne sur la baie de Guanabara.
Ce musée recevra ces prochains jours des conférences sur les enjeux de la préservation de l’océan et des ateliers pour des élèves d’écoles de la ville.
« À chaque escale, c’est important de partager, d’échanger avec des chercheurs de chaque pays sur ce que fait Tara et comment on peut travailler ensemble à l’avenir », explique à l’AFP Romain Troublé, directeur général de la Fondation Tara Océan.
La goélette, qui avait déjà fait escale à Rio en 2010, s’est élancée en décembre depuis Lorient, en Bretagne,pour un voyage qui l’a déjà amenée au Chili et aux Caraïbes, avant de faire cap sur le Brésil.
L’objectif est de sonder le « microbiome », face cachée des océans, constituée de millions d’espèces pour la plupart invisibles à l’oeil nu.
Des prélèvements ont notamment été effectués à l’embouchure de l’Amazone.
« On s’est intéressé à ce qui sort de l’Amazone, une eau douce chargée en nutriments, et son impact sur l’écosystème de l’Atlantique. Une telle arrivée d’eau dans l’océan a un impact colossal, jusqu’en Afrique ou dans les Caraïbes », assure Romain Troublé.
Mais le fleuve est aussi vecteur d’une pollution qui peut menacer l’équilibre de l’océan.
« L’Amazone est à la fois indispensable pour les écosystèmes océaniques, avec une quantité de nutriments qui permettent la vie dans la mer, mais il emmène aussi avec lui des nitrates, trop de nitrates, qui viennent de l’agriculture, du mercure (issu de l’orpaillage) et d’autres polluants qui ont un impact néfaste », précise le responsable de la Fondation Tara Océan.
Ces observations permettent de mieux comprendre « l’impact des fleuves en général sur les océans de la planète ». Grâce aux prélèvements sur l’Amazone, « on va aussi apprendre des choses sur d’autres fleuves », ajoute-t-il.
L’expédition au Brésil a également permis d’étudier des monts sous-marins au large de Rio de Janeiro, qui s’élèvent de 4.000 mètres de fond jusqu’à 20 mètres de la surface.
« Ces monts sous-marins ont un fort impact sur les courants, qui créent des écosystèmes particuliers. Nous nous sommes intéressés à ce qui vit dans ces endroits-là et à l’importance des courants dans le façonnage de la vie marine », résume Romain Troublé.
Après le Brésil, Tara voguera vers l’Argentine, jusqu’à Ushuaïa, puis dans l’Antarctique, avant de remonter l’Atlantique le long de l’Afrique de l’Ouest.