« D’un point de vue purement économique, quitter l’UE aura un coût (…). Ce que la Première ministre essaie de faire, c’est minimiser ce coût », a affirmé Philip Hammond sur la BBC Radio 4, en amont de la publication d’un rapport du gouvernement mesurant l’impact de différents scénarios sur l’économie britannique.
Selon le Daily Telegraph, ce rapport affirme que si l’accord scellé dimanche est adopté par le Parlement britannique, la croissance économique du pays sera inférieure de 1 à 2% dans 15 ans par rapport à ce qu’elle aurait été si le pays était resté dans l’UE. Ce qui serait la moins pire des évolutions quand une sortie sans accord (« no deal ») verrait la croissance du PIB perdre 7,6%.
L’ancien ministre du Brexit Dominic Raab, qui a claqué la porte du gouvernement pour dénoncer la gestion du Brexit par Theresa May, a immédiatement dénoncé « une nouvelle tentative de terroriser » les Britanniques.
La publication de ces chiffres intervient alors que Mme May s’apprête une nouvelle fois à affronter les députés britanniques, à l’occasion de la traditionnelle séance hebdomadaire de questions au chef du gouvernement.
Leur aval est indispensable à l’accord conclu avec Bruxelles après 17 mois de négociations difficiles. Mais à moins de deux semaines du vote, prévu le 11 décembre, Mme May est loin de disposer du nombre de voix requis.
Son allié nord-irlandais, le petit parti unioniste DUP, et des députés conservateurs favorables à un Brexit dur s’opposent à l’accord, tout comme les travaillistes, les europhiles du Parti libéral-démocrate et les députés écossais indépendantistes.
Histoire d’amadouer la région septentrionale du Royaume-Uni, Theresa May doit se rendre mercredi près de Glasgow, plus grande ville d’Ecosse, nouvelle étape de sa tournée destinée à s’attirer le soutien des Britanniques.
« C’est un accord qui est bon pour les employeurs écossais et qui protégera les emplois », doit déclarer la Première ministre, selon des extraits de son discours communiqués à l’avance.
– « Inacceptable » –
Theresa May tentera tout particulièrement de rassurer sur la question de la pêche, hautement sensible en Ecosse.
A la veille de cette visite, la Première ministre écossaise Nicola Sturgeon, cheffe du parti indépendantiste SNP, a toutefois fustigé l’accord, s’appuyant sur une étude publiée par son gouvernement selon laquelle l’accord négocié par Mme May rendra les Ecossais « plus pauvres », et le qualifiant d' »inacceptable ».
La leader du DUP, Arlene Foster, a utilisé ce même qualificatif à l’issue d’une rencontre à Belfast avec Theresa May. Rejetant le statut spécial accordé à l’Irlande du Nord dans l’accord afin d’éviter le retour à une frontière physique sur l’île d’Irlande, elle a appelé la Première ministre à travailler à une autre « voie ».
Theresa May et ses principaux soutiens espèrent qu’une fois confrontés au vote, les parlementaires se montreront raisonnables, ce qui semble impossible au vue de l’arithmétique.
M. Hammond a refusé de dire s’il y avait un plan B en cas de rejet de l’accord. « Il y a des plans d’urgence en cas de +no deal+ mais personne ne veut ça », a-t-il dit sur la BBC.
Un sondage publié mercredi par le tabloïd Daily Mail, spectaculairement passé de l’europhobie militante à une position très modérée à l’occasion d’un changement de rédacteur en chef, pourrait réconforter Mme May: 52% des personnes interrogées par l’institut Survation pensent que son accord est le meilleur possible contre 19% qui pensent le contraire.
Mais dans le même temps, 48% des sondés réclament un second référendum (contre 34%). Une solution qui a reçu le soutien inattendu d’un responsable du Parti travailliste qui y est officiellement jusqu’ici opposé, comme Theresa May.
Son responsable pour les questions économiques John McDonnell a estimé que cela « pourrait être une option à saisir », lors d’un événement organisé par le quotidien The Guardian, admettant pour la première fois qu’il préférerait voter pour rester dans l’UE plutôt que risquer un « no deal ».