Brexit: les pêcheurs français expriment leurs inquiétudes au ministère

Un total de 171 millions d’euros, soit près de 20% de la valeur de la pêche française, c’est ce que représente la pêche française dans les eaux britanniques, selon le ministère. Une proportion qui n’est qu’une moyenne pour l’ensemble du territoire, cette pêche représentant au moins 30% du chiffre d’affaires des marins de Bretagne, de Normandie et des Hauts-de-France, selon la profession.

L’ensemble des acteurs de la pêche française (services de l’Etat, régions, comités national et régionaux des pêches, organisations de producteurs, syndicats, représentants de l’aval) ont été reçus au ministère « pour une réunion d’échanges et de travail sur les enjeux du Brexit », indique le ministère dans son communiqué.

Alain Vidalies a « confirmé (…) la détermination du gouvernement à préserver intégralement les intérêts de la pêche française dans les négociations à venir, après le déclenchement le 29 mars prochain par la Grande-Bretagne de l’article 50 qui acte la séparation d’avec l’Union européenne.

Les échanges de mercredi « ont fait ressortir l’impossibilité » pour les navires français « de reporter leurs activités vers d’autres zones de pêches » que les eaux britanniques, « un tel déplacement d’activité menaçant à la fois l’équilibre entre les flottilles de pêche et la durabilité des ressources », explique le ministère.

S’agissant de la gestion future des stocks, Alain Vidalies a « rappelé l’importance de préserver dans le futur l’équité entre les flottes européenne et britannique ».

Depuis le vote des Britanniques en juin dernier, les pêcheurs français ont tiré la sonnette d’alarme, prévenant que « hormis l’espace aérien, le deuxième enjeu géographique, ça va être la mer », comme le rappelle Hubert Carré, directeur du comité national des pêches, au sortir de la réunion au ministère.

Outre les questions relatives au droit d’accès aux zones de pêche, il espère, comme toute la filière « des règles bien précises pour l’accès au marché », les Britanniques pêchant et exportant « énormément »: « ils ne mangent pas ce qu’ils produisent », a-t-il souligné.

Il craint que la filière pêche britannique ne pratique un « dumping » qui mette à mal la pêche française: « ça fait cinq ans qu’on essaie de négocier avec eux une régulation sur le crabe, et on n’y arrive pas », rappelle M. Carré.

Les Anglais sont « persuadés qu’en sortant, avec leur Brexit, ils vont retrouver leur prospérité », déclare Hubert Carré, « une grave erreur, selon lui ».

« Dans la Manche, le poisson n’a pas voté pour le Brexit », poursuit-il malicieusement, « il se déplace alternativement d’une zone à l’autre, un jour il sera britannique, un autre jour il sera européen, il va falloir faire des règles de partage intelligentes, ce sera compliqué, conclut-il ».

D’autant plus que la France est loin d’être le seul pays européen à être concerné par ces négociations futures.

Une coalition des pêcheurs des neuf Etats-membres les plus impactés par cette question a ainsi été lancée mercredi à Bruxelles.

Outre les Français, Espagnols, Hollandais, Polonais et Allemands, entre autres, réunis au sein de la « European Fisheries Alliance », ont fait étalage de leur solidarité pour « faire pression sur l’Union européenne, seule habilitée à négocier avec le Royaume-Uni », explique M. Carré.

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