Bugaled Breizh: l’avocat général en faveur du non lieu

Au terme d’une longue audience de six heures sans interruption devant la chambre de l’instruction de la cour d’appel de Rennes, l’avocat général a rejeté l’appel des familles contre l’ordonnance de non-lieu rendue en mai. Les proches des pêcheurs du Bugaled Breizh continuent de croire que le bateau a été envoyé par le fond par un sous-marin qui se serait pris dans ses filets.

La décision a été mise en délibéré au 13 mai.

Aussitôt après la fin de l’audience, Dominique Tricaud, un des avocats des familles des victimes du naufrage, a dénoncé un « déni de justice ».

Dénonçant devant la cour un dossier placé depuis le début « sous le signe du mensonge par action et par omission », Dominique Tricaud avait appelé la justice à reconnaître la responsabilité d’un sous-marin dans le drame « parce que toute autre hypothèse » équivaudrait, selon lui, « à la reconnaissance d’un secret d’État ».

Devant une maquette du navire apportée à l’audience, il avait réclamé « la poursuite des investigations parce qu’elles sont simples », impliquant notamment, selon lui, l’audition de membres d’équipage de sous-marins qui ont navigué à proximité du chalutier.

La position de l’avocat général a douché les espoirs des proches des cinq marins disparus, qui avaient manifesté devant la cour derrière une banderole proclamant « Yves, Georges, Pascal, Patrick, Éric, on ne vous oublie pas ».

– ‘Ça passe ou ça casse’ –

« On n’est pas loin d’avoir quelqu’un qui finira par parler », avait déclaré à la presse juste avant l’audience Dominique Launay, président de l’association SOS Bugaled Breizh.

« On espère un sursaut, de la dignité, qu’il va vraiment se passer quelque chose aujourd’hui. On ne peut pas partir sans avoir la vérité », avait-il plaidé.

Le Bugaled Breizh, immatriculé au Guilvinec (Finistère), a sombré au sud-ouest de l’Angleterre le 15 janvier 2004.

Pour les proches des victimes, confortés par une première instruction, en 2008, selon laquelle l’hypothèse du sous-marin était « la plus sérieuse », le navire a été accidentellement happé par un sous-marin alors que se déroulaient dans la zone où il pêchait des manoeuvres internationales avec des sous-marins de diverses nationalités, y compris français.

Pour Christian Bergot, autre avocat des familles, l’audience de mardi était celle de la dernière chance. « Ça passe ou ça casse. Si le non-lieu est confirmé, le dossier est mort », avait-il mis en garde.

Close le 3 juillet 2013, l’instruction du dossier, qui s’est à plusieurs reprises heurtée au secret défense, n’a pas validé la thèse du sous-marin, qu’il soit américain ou britannique.

Après avoir écrit au président de la République pour lui demander une audience, l’armateur du chalutier, Michel Douce, a reçu ces dernières semaines un courrier dans lequel le chef de l’État exprime sa compassion mais renvoie vers la garde des Sceaux, Christiane Taubira.

Quant au ministre de la Défense, Jean-Yves Le Drian, qui est breton et a présidé cette région de nombreuses années, il a répondu à l’armateur que « la justice n’a pas établi de lien entre ces manoeuvres et le naufrage et qu’aucun engagement de l’État dans cet accident n’a pu être démontré ».

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